Des étudiants chinois à l’UTC depuis 40 ans
Fin novembre 1978, quatre personnalités de l’ambassade de Chine à Paris se rendaient à l’UTC pour négocier l’inscription d’étudiants chinois. 40 ans plus tard, ces étudiants devenus actifs aux carrières prestigieuses se retrouvent avec Luhui Ding, professeur à l’UTC depuis sa thèse de doctorat.
Ils n’ont pas attendu 40 ans pour se revoir. Les membres de la première promotion chinoise de l’UTC organisent des retrouvailles très régulièrement avec femmes et enfants. Le prochain rassemblement est prévu en avril au bord du lac d’Annecy pour décor. « Ce sera pour nous une grande fête. Pour les 30 ans, nous nous étions regroupés dans une station de ski des Alpes en famille. Ce n’est pas évident de réunir tout le monde. Certains sont à l’étranger, en Chine, aux États-Unis, en Angleterre, au Canada ou en Suisse. Mais on y arrive, c’est une question d’organisation », résume Luhui Ding, professeur des universités au département de génie biologique de l’UTC. Là même où à 19 ans il fit son arrivée le 26 février 1979 avec onze autres étudiants chinois. Ces derniers ont d’abord pu étudier le français et recevoir un complément de formation scientifique avant d’entamer leur cursus d’ingénieur. Dans le journal de l’UTC de l’époque, informations.utc n°201 du 2 au 8 novembre 1978, l’on pouvait déjà lire ceci : « Ces contacts font suite aux négociations engagées entre les autorités chinoises et les ministères français des affaires étrangères et des universités pour l’accueil en France d’étudiants et chercheurs chinois. On se souvient de la visite récente du vice premier ministre de Pékin. Une délégation de Compiègne pourrait être envoyée en Chine afin de nouer des relations plus étroites avec une université. »
Hao, Jian, Xiaoyen et les autres
Le groupe était composé de Jue Wang, 20 ans de Shanghai, Jian Lu, 18 ans de Beijing comme Hao Sun, 18 ans et Luhui Ding, 19 ans, de Jian E Lu, jeune fille de 18 ans de Fuzhou, Yun Tang, 19 ans de Shanghai. Et de Junnan Huang, 18 ans de Xiamen, Yu Liu, 19 ans de Shanghai, Minquin Zhang, 19 ans de Beijing avec Chummin Wang, 20 ans, ainsi que de Xiaozhao Li, 17 ans de Wuxi et de Xiaoyen Lin 19 ans de Hangzhou. Ces deux étudiantes et dix étudiants faisaient donc partie d’un groupe d’une centaine envoyé en France par la République populaire de Chine aux termes d’un accord passé avec les ministères français des universités et des affaires étrangères. « Le premier groupe devrait être suivi d’autres. Mais il faudra, bien sûr, attendre les résultats de l’expérience qui, on le conçoit, comporte encore bien des inconnues », pouvait-on lire dans l’édition de fin février 1979. Visiblement l’expérience fut concluante puisque de très nombreux autres groupes ont suivi et suivent encore. À son arrivée, la première promotion a d’abord passé deux jours à visiter Paris et Versailles. Puis, elle a débuté son apprentissage du français, première étape des études à l’UTC. Des leçons à raisons de 32 h encadrées chaque semaine. Tous étaient logés à la résidence Roberval pour faciliter leur intégration.
« L’UTC a marqué ma vie »
De belles carrières, des prix, des légions d’honneur ont jalonné le parcours de cette première promotion d’étudiants chinois à Compiègne. Après l’UTC, tous ont suivi des parcours différents en France et à l’étranger, dans les secteurs de l’industrie ou de l’enseignement supérieur. « Nous nous parlons souvent grâce à notre groupe de discussion via WeChat. Nous sommes ainsi toujours en lien. Moi j’ai pu, après ma thèse de doctorat en génie biomédical, poursuivre à l’UTC en qualité de maître de conférences puis de professeur des universités », raconte ce père de deux enfants. Lui qui, plus jeune, n’imaginait pas pouvoir faire des études à l’étranger. « Je suis peut-être le plus casanier de tous, mais j’aime par-dessus tout enseigner, conclut-il. De plus, il faut savoir que décrocher une thèse était important auprès des Chinois. Je pensais rentrer au pays avec, mais l’attachement à la France et les événements survenus à cette époque en ont décidé autrement. L’UTC a marqué ma vie. »
Zoom sur le Centre d’archives de l’UTC : une mine d’informations
Pour réaliser ce reportage, l’aide du centre d’archives de l’UTC fut très précieuse. Zoom sur ce service entièrement dédié à la collecte et à la conservation des archives de l’UTC mis en service en 2009.
Depuis 10 ans, le centre d’archives, financé par la région Picardie et par l’agglomération de la région de Compiègne, a permis de collecter plus de 2 kilomètres linéaires de documents auprès de toutes les entités de l’UTC : direction, services administratifs, pédagogiques, départements, laboratoires, enseignants chercheurs, associations étudiantes. Leur délai de conservation dépend de leur intérêt juridique, pratique, pédagogique, scientifique, etc. « Après tri, ceux qui présentent un intérêt historique, patrimonial, seront conservés indéfiniment pour constituer les sources qui permettent de retracer l’histoire de l’UTC et de conserver sa mémoire » souligne Claire Etienne, chargée d’archives à l’université de technologie de Compiègne qui assure la bonne conservation de ces fonds dans son magasin de conservation sécurisé, équipé d’un système de climatisation et de déshumidification.
Des documents de nature très variée
Parmi les documents conservés figurent les archives du président fondateur de l’UTC, Guy Deniélou dont les dossiers retracent notamment la naissance de l’UTC, les archives du premier chef de cabinet (dans lesquelles on trouve par exemple la collection des premiers journaux internes, Informations-UTC, depuis 1974 et la revue de presse depuis 1969), les dossiers de séances du conseil d’administration et du comité de direction, du conseil scientifique, une collection de photographies argentiques et numériques réalisées par Jean-Pierre Gilson depuis 1973, une collection de cassettes vidéos de cours filmés pour la formation continue dans les années 1980, une collection de polycopiés de cours depuis 1976, des guides de l’étudiant, des collections d’affiches, des rapports d’étudiants, des maquettes issues de la filière design industriel et quelques fonds d’archives versés par des enseignants (et enseignantes) chercheurs lors de leur départ en retraite, etc.