TactOse, pour une recherche participative
Étudiante dans le parcours Hutech, Amandine Legry effectue son stage de fin de Bachelor au sein de Costech. Elle travaille avec Charles Lenay, professeur de philosophie et sciences cognitives, dont les recherches portent notamment sur la Suppléance perceptive et sur les dispositifs d’aide aux personnes atteintes de cécité.
Son rôle précisément ? « Il s’agit de pérenniser nos liens avec les personnes aveugles et non-voyantes du compiégnois. D’où l’idée de fonder une association tripartite entre les étudiants de l’UTC, les enseignants-chercheurs de Costech qui travaillent sur ces problématiques et les personnes mal-voyantes ou aveugles de Compiègne et au-delà », explique Amandine Legry.
Une idée que Charles Lenay trouva très séduisante. « Cela fait des années que je travaille sur des projets liés à la perception et à la création de dispositifs d’aide mais j’étais frustré de voir que, dès le projet achevé, on laissait sur le carreau les personnes aveugles avec lesquelles on a noué des contacts humains. On s’est dit qu’il fallait remédier à cela en créant une association qui puisse pérenniser les liens mais surtout qui mobilise les étudiants ».
C’est ainsi que TactOse – nom trouvé par Ombeline Lheureux -, autrement dit «Oser le tact ou Oser toucher» est née, en septembre 2022, d’un besoin de continuité entre projets de recherche et liens humains tissés avec les aveugles. Pourquoi TactOse ? « C’est une allusion aux interfaces dont on dote les sujets. Ce sont des interfaces tactiles qui leur donnent accès aux environnements numériques. Ainsi, quand le sujet parcourt l’écran avec son curseur et rencontre telle ou telle forme, il a un retour tactile tel qu’il aura l’impression de toucher les formes », ajoute-t-il.
Une initiative tout-à-fait en phase avec la démarche au sein de l’axe du «Care». « Il ne s’agit pas d’imposer des technologie à des personnes et les obliger à les accepter mais de mettre en place les conditions d’une recherche participative avec les aveugles, les jeunes, les chercheurs afin de mener ensemble des actions qui aient du sens », souligne-t-il.
Une initiative qui a également attiré l’attention de l’Institut National des Jeunes aveugles et de l’association apiDV (Accompagner, Promouvoir, Intégrer les Déficients Visuels). Parmi les objectifs de ces associations ? « Elles se mobilisent, entres autres, pour l’insertion tant des adultes dans le monde du travail que les jeunes dans le système éducatif et créent des dispositifs favorisant par exemple l’accès des jeunes aveugles aux études supérieures », assure Amandine. Au-delà des recherches menées, Charles Lenay et Amandine Legry ajoutent un rêve : « Faire de l’UTC un lieu «Aveugles Friendly» ».
Concrètement ? « Il s’agit de travailler sur deux axes principaux. Le premier concerne la sensibilisation tant des enseignants que du personnel administratif qui seraient amenés à travailler avec des étudiants aveugles ou mal-voyants. Même si, lorsqu’on parle d’accessibilité numérique par exemple, elle ne concerne certes pas que les aveugles mais aussi les personnes atteintes d’autres troubles tels les troubles du langage etc. D’où l’importance de créations de contenus spécifiques afin de favoriser leur intégration au sein de l’école. Le second a trait à la formation des ingénieurs. On nous apprend à manier des tas d’outils, à développer de la technologie mais aucun enseignement ne porte sur les lois régissant le handicap », conclut Amandine Legry.