L’UTC, un écosystème local qui profite à la ville de Compiègne
Elle combine les atouts d’une université avec ceux d’une école d’ingénieurs, l’UTC représente à elle seule un écosystème local d’innovation où les étudiants sont incités à la prise d’initiative et à l’implication dans la vie de la cité. L’école est implantée sur plusieurs sites, tous intégrés à la ville de Compiègne. De quoi irriguer l’agglomération entière d’une dynamique plus que porteuse. Entretien avec Philippe Marini, maire de Compiègne, président de l’Agglomération de la Région de Compiègne et sénateur honoraire de l’Oise.
Quel est votre regard sur l’histoire l’UTC qui fête ses 50 ans ?
Jean Legendre a implanté l’UTC alors que beaucoup s’y opposaient au sortir des événements de Mai 68. Les élus du conseil municipal et les habitants étaient réfractaires à l’installation d’une université au coeur de la ville. Pierre Guillaumat, l’ancien ministre du général de Gaulle, et Jean Legendre ont eu cette capacité à imposer leur vision pour Compiègne. À l’époque, l’UTC est terriblement novatrice en faisant de cet établissement une université et une grande école de technologie alors même que ces matières étaient « méprisées » par toute une partie de l’intelligentsia. Aujourd’hui, l’UTC est un lieu d’enseignement réputé dans le monde entier avec des partenariats en Chine et au Brésil, par exemple. Elle fait partie des meilleures formations d’ingénieurs en France. En outre, elle est devenue un atout majeur pour la Ville et une force d’attraction pour les cerveaux et les entreprises. Grâce à la présence de l’UTC, un écosystème favorable au développement des entreprises à l’emploi non délocalisable a pu s’implanter sur le territoire. Compiègne ne serait pas Compiègne sans l’UTC !
Quels sont les liens qui unissent l’université à la ville de Compiègne ?
La ville et son agglomération ont pleinement profité de la présence de l’université. Tout d’abord, elle est située en ville et apporte donc de la jeunesse, ce qui dynamise notre centre-ville. Les commerces et les services, comme les clubs sportifs et la vie culturelle, bénéficient complètement de cette présence des jeunes. La vie associative de l’UTC s’inscrit également dans l’animation de la cité. L’Imaginarium Festival est un rendez-vous prisé de la jeunesse. La vie associative anime les rues et les parcs de la ville tout au long de l’année. Je ne peux évidemment pas citer les 110 associations de l’UTC, mais toutes sont utiles. Quant à Tous Unis pour la Cité, cette opération, qui a maintenant 10 ans, a permis de normaliser les relations entre les jeunes étudiants et les habitants en les intégrant dès le mois de septembre dans leur ville d’adoption. Chaque année, la nouvelle promotion s’investit dans l’amélioration de la ville en aidant les services municipaux à repeindre une porte, à réparer une grille, à planter des bulbes pour le printemps. C’est une façon habile de contribuer à la vie quotidienne des Compiégnois et de se faire adopter. Il s’agit aussi pour les jeunes de se confronter à la réalité de la vie dans les quartiers de Compiègne. L’UTC, c’est également un lien architectural qui structure le sud de la ville. L’entrée principale de la commune se fait par la pénétrante qui passe devant le centre Pierre Guillaumat, puis devant le centre d’innovation et de fait unit la ville et son université. L’urbanisme moderne de Compiègne, celui des 50 dernières années, a été en partie dessiné par le développement de l’université.
Parlez-nous des projets et travaux menés par les chercheurs et étudiants qui influent sur la ville, notamment pour une ville durable.
Côté collectivité, nous avons deux axes de travail avec l’UTC. Tout d’abord, je tiens à souligner l’excellence des relations que nous entretenons avec le monde de la recherche. Professeurs et étudiants nous aident régulièrement à avancer dans nos projets. Par exemple, le projet d’écoquartier de la gare fait largement appel au travail des étudiants encadrés de leurs professeurs, que ce soit sur la concertation avec les habitants et les usagers de la gare qui est pour nous primordiale, comme sur ce qui relève de la recherche de solutions adaptées aux contraintes environnementales du site. Nous avons obtenu la labellisation ÉcoQuartier. Il s’agit d’un processus qui phase chaque étape du projet avec de fortes exigences écologiques. L’impact doit être neutre et nous attendons de l’UTC qu’elle nous accompagne dans chacune d’entre elles : la réorganisation des flux, la place laissée aux circulations douces, les modalités de stationnement, les constructions résilientes, les espaces verts, l’éclairage public adapté… L’UTC dispose ici d’un lieu unique pour mettre en pratique les connaissances acquises et pour produire in situ le fruit des recherches interdisciplinaires. C’est le fondement même de l’université de produire de l’intelligence au service de la société. Par ailleurs, nous travaillons avec l’UTC via notre pépinière d’entreprises. De nombreuses start-up issues de l’UTC développent leurs projets industriels dans notre pépinière du Parc technologique des Rives de l’Oise qui compte une vingtaine d’entreprises généralement fruit d’initiatives privées en lien avec les jeunes chercheurs. Ce lien permet de ne pas opposer recherche fondamentale et recherche appliquée mais bien au contraire de créer toutes les conditions favorables à l’émergence de l’innovation au service de l’homme et de l’économie.
Quelles sont vos attentes pour le futur avec l’UTC ?
Claire Rossi, la nouvelle directrice-présidente de l’UTC, est issue du cru ! Cela se sent dans nos échanges. Elle connaît et aime Compiègne et souhaite renforcer les liens qui unissent la ville et l’université. Sur cette base, nous allons consolider le plan de développement local de l’UTC. Nous allons l’accompagner à développer encore davantage l’université qui a des besoins fonciers pour s’étendre et accroître ses capacités d’accueil. Nous partageons, elle et moi, cet esprit de bâtisseur et sa stratégie pour l’UTC ne peut être que favorable à la ville. Comme autre axe de développement de nos relations, j’ai de grandes attentes en matière de recours aux compétences de l’UTC dans les domaines très prometteurs de l’écologie, comme nous l’avons lancé sur l’écoquartier gare. Cette dimension s’impose à nous tous et je sais pouvoir compter sur des personnes engagées et performantes. Enfin, Claire Rossi, lors de nos premiers échanges, a affirmé sa volonté de consolider les relations de l’université avec le tissu économique local et notamment la sphère des PME. C’est un domaine dans lequel nous pouvons être très pro-actifs par notre très bonne connaissance de ce milieu qui est très présent dans notre intercommunalité.