La technologie au service de l’art

Clin d’œil aux Jeux Olympiques de Paris 2024 et future matéri­al­i­sa­tion dans le parc de Songeons du chemin reliant le musée Antoine-Vivenel et sa salle d’exposition tem­po­raire exter­nal­isée, les neuf coiffes her­maïques, imprimées en 3D et mon­tées sur piliers que deux UTCéens ont créées, illus­trent le parte­nar­i­at noué de longue date entre l’UTC et les musées de Compiègne.

Au musée Antoine-Vivenel de Com­piègne, il fau­dra atten­dre le 15 juin et l’inauguration de l’exposition « So Greek ! » organ­isée autour de la col­lec­tion de ses vas­es grecs (deux­ième plus impor­tante après celle du musée du Lou­vre à Paris) afin de décou­vrir l’installation de neuf exem­plaires col­orés 3D issus de la coiffe her­maïque en mar­bre qu’il con­serve. JO 2024 oblig­ent, l’exposition met­tra en avant les vas­es panathé­naïques remis aux vain­queurs des Jeux antiques grecs dont le musée con­serve plusieurs pièces. L’occasion d’exposer la tête d’Hermès, mod­èle orig­i­nal de celles réal­isées en 3D afin de balis­er le chemin reliant le musée Antoine-Vivenel à sa salle d’exposition tem­po­raire exter­nal­isée dans le parc de Songeons. 

Ces repro­duc­tions à taille réelle et mon­tées sur piliers sont le fruit du tra­vail mené de sep­tem­bre à décem­bre par Mélis­sa Rous­son-Marc­hand, UTCéenne en TC03, et de Swann Courme, inscrit cette année en IM01. « Pour répon­dre aux prob­lé­ma­tiques d’accessibilité et de vis­i­bil­ité dans un site aux abor­ds classés, pour capter des publics jeunes et pour dépous­siér­er notre médi­a­tion, nous sommes par­tis de la tête d’Hermès qui, dans la Grèce antique, était instal­lée sur des piliers quad­ran­gu­laires pour délim­iter les routes, les car­refours et les jardins de rich­es maisons, indique Del­phine Jean­not, direc­trice des musées de Com­piègne à l’initiative de ce pro­jet com­mandé à l’UTC. Il était intéres­sant de repren­dre cet usage en tran­chant avec des couleurs pop et vives. Les coiffes her­maïques ont un côté anachronique très mod­erne, décalé et assumé. »

Projet en méthode agile évolutive

Pour cette réal­i­sa­tion, Mélis­sa Rous­son-Marc­hand et Swann Courme ont appréhendé les con­traintes tech­niques inhérentes au respect de l’œuvre et à l’aboutissement d’un pro­jet en méth­ode agile évo­lu­tive. Au fablab de l’UTC, le duo a dévelop­pé des com­pé­tences tech­niques en impres­sion 3D, en cap­ta­tion d’images, en con­ver­sion de fichiers STL… « On a choisi la méthodolo­gie, réal­isé une veille tech­nologique axée sur les méth­odes de cap­ta­tion numérique d’un objet pour la recon­struc­tion 3D ain­si que sur les matéri­aux les plus adap­tés », indique Mélis­sa Rous­son- Marc­hand. Comme l’ASA (acry­loni­trile styrène acry­lat) résis­tant aux con­di­tions cli­ma­tiques, à l’humidité et aux ray­on­nements ultra­vi­o­lets choisi pour l’impression des neuf coiffes her­maïques. Le duo a d’abord réal­isé deux heures de cap­ta­tion d’images du mod­èle sous tous les angles de vue afin de le recon­stru­ire. « Ils ont réa­gencé les pho­togra­phies et récupéré un nuage de points pour recon­stituer un vol­ume ensuite post-traité pour y insér­er les fonc­tion­nal­ités de fix­a­tion », souligne Nico­las Piton, respon­s­able de la plate-forme de pro­to­ty­page qui a accom­pa­g­né les deux étu­di­ants. Le socle a été l’un des sujets de dis­cus­sion. « Nous étions très axés tech­nique et sys­tème d’accroche, tan­dis que le musée avait une vision esthé­tique. Il fal­lait par­ler le même lan­gage pour ne pas altér­er l’intégrité de l’œuvre et ajouter d’éléments. » Enfin, les neuf impres­sions 3D des coiffes her­maïques ont été lancées au fablab de l’UTC pour une durée de 40 heures cha­cune. « Alli­er art et tech­nolo­gie est intéres­sant, con­cret et sort du cadre UTCéen », livre Mélis­sa Rousson-Marchand.

Pour Nico­las Piton, tra­vailler avec le milieu de l’art n’est pas un coup d’essai : « Nous avons déjà col­laboré avec l’espace Jean-Legendre, par exem­ple. Grâce à notre plate-forme de pro­to­ty­page, le fablab, j’ai une vision glob­ale des pro­jets que j’accompagne sur les aspects péd­a­gogiques, recherche, val­ori­sa­tion auprès des indus­triels, créa­tion de start-up… Soit une cen­taine par an. » Un baby-foot con­nec­té compte par­mi les pro­jets en cours tout comme le fablab col­la­bore actuelle­ment avec un indus­triel local dans le domaine du luxe.

Partenariats pour rayonnement mutuel

Le tra­vail d’ingénierie mené par les étu­di­ants favorise une approche de pro­fes­sion­nal­i­sa­tion au tra­vers d’un pro­jet inter­ac­t­if avec l’extérieur. « Cela per­met de se pos­er les bonnes ques­tions et de ne jamais oubli­er les objec­tifs qui peu­vent toute­fois être dif­férents, souligne Emmanuel Doré, enseignant-chercheur en ingénierie mécanique qui a encadré les deux UTCéens. La forte présence de l’UTC sur le ter­ri­toire per­met de se posi­tion­ner sur des événe­ments et de met­tre en valeur les col­lab­o­ra­tions pos­si­bles et vertueuses. Les parte­nar­i­ats sont le fil con­duc­teur de l’enseignement comme axe de développe­ment de com­pé­tences tech­niques mais aus­si inter­cul­turelles pour répon­dre à une com­mande. L’art est pos­si­ble à tra­vers le détourne­ment tech­nologique, les out­ils, les logi­ciels, les moyens et les méth­odes de l’UTC qui forme notam­ment à des méthodolo­gies de con­struc­tion et à la mod­éli­sa­tion géométrique de pièces mécaniques, décrit Emmanuel Doré. » 

Pour les musées de Com­piègne implan­tés dans le même écosys­tème ter­ri­to­r­i­al, le ray­on­nement est mutuel. « Dans le con­texte de la réno­va­tion du musée Antoine-Vivenel, ses ambi­tions et la lim­i­ta­tion des coûts financiers, le regard porté sur les nou­velles tech­nolo­gies et les pos­si­bil­ités qu’elles appor­tent est impor­tant, pour­suit Del­phine Jean­not. Aujourd’hui, nous ne pou­vons plus faire sans cette con­nais­sance. Pour le grand pub­lic, c’est aus­si un véri­ta­ble attrait. »

Le magazine

linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram