Le design présent à l’UTC depuis sa création
Voilà près de 50 ans que l’UTC forme une trentaine d’ingénieurs designers chaque année. Pots de yaourt, électroménager, drones… Rien ne résiste à leur coup de crayon ! Zoom sur cette filière atypique dans le paysage des écoles d’ingénieurs françaises.
En 2023, elle soufflera, comme l’UTC, ses 50 bougies. Créée par Danièle Quarante, designer de renom, la filière IDI « avait su convaincre Guy Deniélou de l’importance de former les ingénieurs au design thinking , pour remettre l’utilisateur au centre de la conception, explique Emmanuel Corbasson, responsable de la filière. Aujourd’hui, la filière reste une exception en France, car, à part l’UTBM et en dehors de masters spécialisés comme celui de la D‑School des Ponts, il n’y pas d’autres écoles d’ingénieurs qui intègre le “design thinking” dans leur formation initiale.
Mais qu’est-ce qui différencie un ingénieur « classique » d’un ingénieur designer ? « L’ingénieur designer prend en compte l’utilisateur dans le processus de conception. Il peut s’agir d’un problème d’usage, de service, de recyclage, etc., auquel il pourra apporter une solution. L’objectif de la filière IDI est donc d’apprendre au concepteur qu’il y a un utilisateur, et que ce sont les problématiques de ce dernier qu’il faut régler. » Pour former ces ingénieurs, la filière propose notamment des cours en dessin de communication, initiation au design industriel, design de produits, etc.
Plus récemment, deux UE, design packaging et design sonore, sont apparues pour répondre à une forte demande du secteur industriel. Autre nouveauté, le design utilise de plus en plus d’outils informatiques. « Les étudiants doivent apprendre à maîtriser la tablette graphique, par exemple, même si la pratique du dessin et du croquis reste fondamentale ! » complète Emmanuel. Les enseignements se font en mode projet (à part les UV d’initiation). Les étudiants sont donc très suivis et accompagnés par l’équipe enseignante. « Les objets, quels qu’ils soient, transmettent toujours des émotions aux humains. Les travaux et projets doivent donc être confrontés au regard de l’autre, affirme Emmanuel. Et, pour faire du design, dessiner, concevoir, les gens doivent se sentir en confiance. »
Le design, une révélation pour Emmanuel Corbasson
À l’origine, j’ai suivi une formation d’ingénieur en mécanique des fluides appliqué au domaine biomédical à l’INSA Lyon. Lors d’un stage ingénieur chez Whirlpool Amiens, j’avais dessiné une caricature du service dans laquelle mes supérieurs apparaissaient. Cela m’a valu de changer de service et d’être affecté au service Design “puisque j’avais des talents de dessinateur”. Une véritable révélation ! J’ignorais complètement à l’époque à quel point le fond et la forme étaient indissociables et ce que le design pouvait apporter à un produit même de grande consommation. J’avais trouvé ma voie, il me restait à trouver la bonne formation pour y arriver. Étant déjà ingénieur, c’est le DESS de design de l’UTC que j’ai choisi, mené par la dynamique Danielle Quarante à l’époque. Je me suis spécialisé dans les produits de grande consommation, les produits du quotidien, chez Ronéo, Media6 puis Pierre Henri SA. J’étais toujours resté en contact avec l’UTC et la filière IDI. En 2008, lorsque l’UTC m’a demandé de venir enseigner au sein de la filière IDI, je n’ai pas hésité, l’occasion pour moi de transmettre cette révélation, d’agir à la source… J’ai pris la tête de la filière peu de temps après. »