
Après 9 ans passés chez Engineering Systems International (ESI), l’un des principaux fournisseurs de logiciels et services d’ingénierie de prototypage virtuel à travers le monde, Laurent Taupin a rejoint, en 2001, le Groupe Renault. Il y a occupé divers postes tant à l’international que dans l’hexagone. Il est, depuis juillet 2016, ingénieur en chef des véhicules autonomes. Portrait d’un homme curieux et ouvert.
La curiosité ? Laurent Taupin la prouve dès sa plus tendre enfance. Ne rêvait-il pas de devenir inventeur ? « Tout petit, mes dessins tournaient autour des engrenages. Tout ce qui bougeait me fascinait. » Ses jeux ? « Le Meccano et le Lego. » Au fil des années, son réalisme l’emporte et il penche pour des études d’ingénieur. « Je me suis rendu compte que, dans la vraie vie, l’inventeur c’est l’ingénieur », souligne-t-il. Il admet toutefois le flou qui l’animait au départ sur le choix de la filière. Mais une chose était sûre à ses yeux : « je ne voulais pas devenir chimiste ou biologiste par exemple. Il fallait qu’il y ait des pièces ; il fallait qu’il y ait des machines ; il fallait que ça bouge ». La curiosité encore ? Il la montre en s’intéressant, dès son adolescence dans les années 80, aux problématiques énergétiques, en particulier « les énergies renouvelables, éolien, marémotrice… »
L’ouverture et la capacité à éviter les chemins trop balisés ? Laurent Taupin la montre en refusant « le carcan des classes prépa de la voie classique », dit-il. Il la montre également, lorsque, entre, deux grandes écoles avec prépa intégrée, l’INSA de Lyon et l’UTC, il fait le choix « sans hésiter une seconde » de cette dernière. La raison ? « La réputation dans le domaine technologique de l’école qui ne s’est nullement démentie par la suite mais aussi l’impulsion donnée par Guy Deniélou, son fondateur, à la place des humanités et de la culture dans les cursus », explique-t-il. Une période de sa vie de jeune adulte dont il garde d’excellents souvenirs. « Durant les cinq années de formation, j’ai eu un parcours extrêmement dense, riche, exigeant dans le socle de base des matières scientifiques certes. Mais aussi une expérience humaine qui m’a révélée à moi-même. J’ai ainsi, ce qui était rare à l’époque dans les écoles d’ingénieur, appris des choses sur la culture arabo-musulmane et la programmation neurolinguistique, découvert des philosophes, fait du théâtre etc. Je me suis également énormément impliqué dans la vie associative de l’UTC », ajoute-t-il.
Une ouverture qui le mène rapidement à explorer de nouveaux horizons. C’est ainsi que dès sa 3è année en génie mécanique, spécialité matériaux et innovation, il effectue un premier stage de six mois au centre technique international de Goodyear à Luxembourg. C’est ainsi également qu’il se retrouve, pour son stage de 5è année, en Corée du Sud au sein d’un centre de recherche co-fondé par l’équipementier de sidérurgie français, Clecim, et Posco, un partenaire coréen. Pays où il rencontre celle qui va devenir son épouse.
Après une année à l’Ohio State University en tant que visiting scholar, il est embauché, en 1992, par ESI, un poids lourd mondial de la simulation numérique, qui l’envoie très vite en Corée du Sud pour assurer le développement de la filiale nouvellement créée. Trois ans plus tard, retour aux États-Unis, à Détroit, la capitale de l’automobile, toujours chez ESI en tant que responsable du marché américain.
C’est là qu’il est approché, en 2001, par Auto Châssis International, l’antenne du Groupe Renault dont il rejoint le siège, au Mans, en tant que patron du calcul. Après un détour de nouveau par la Corée du Sud chez Renault Samsung Motors, il rejoint le technocentre du groupe à Guyancourt comme manager. Ingénieur en chef des véhicules autonomes depuis juillet 2016, Laurent Taupin se consacre au défi du niveau 4 sur une échelle de 5, niveau du véhicule complètement autonome. Celui où l’on pourrait se passer du conducteur. Ce qui, admet-il, pose à ce stade, de nombreuses questions d’éthique, de responsabilité, de sûreté. Autant de challenges que les grands constructeurs, tels Renault, se préparent activement à relever…
BIO EXPRESS
- 1991 : diplômé de l’UTC en génie mécanique, spécialité matériaux et innovations technologiques
- 2001 : intègre Renault à la tête de l’unité de simulation numérique châssis
- 2014 : présente EOLAB à la presse internationale, un prototype de recherche consommant 1L/100
- 2016 : ingénieur en chef véhicule autonome