Thierry Morin, élu Président du Conseil d’administration de l’UTC

Le 13 juin 2013, Thier­ry Morin a été élu prési­dent du Con­seil d’Administration de l’UTC, en rem­place­ment de Chris­t­ian Estève.

Un patin de frein de TGV en métal frit­té à la main, Thier­ry Morin explique avec ent­hou­si­asme l’activité de l’entreprise qu’il vient de racheter, Sin­tertech, qui emploie 450 per­son­nes et pro­duit des pièces pour le fer­rovi­aire et l’automobile.
L’automobile… L’ancien PDG de Valeo racon­te sa pre­mière voiture, « qu’il pous­sait plus qu’elle ne le por­tait », et affirme que l’avenir du secteur repose sur le moteur élec­trique. Thier­ry Morin pré­side aus­si l’INPI, il est action­naire de sept start-up et vient d’être élu prési­dent du con­seil d’administration de l’UTC.

«  A écouter cer­tains, la voiture serait l’ennemi pub­lic n°1 : elle tue, elle pol­lue… Il faut veiller à ne pas leur don­ner rai­son. Pour­tant, depuis plus de dix ans, il est de notoriété publique que le diesel n’est pas un car­bu­rant pro­pre. Vous avez un enfant ? », demande-t-il, pour mieux détailler les méfaits des par­tic­ules fines sur la san­té. «  Les temps sont mûrs pour la voiture élec­trique, mais les solu­tions adéquates font encore défaut  », estime Thier­ry Morin, avant de rap­pel­er que Valeo fut le pre­mier équipemen­tier à inven­ter le sys­tème « Stop&Start » ain­si que la soupape électromagnétique.

« Créer les conditions de la fertilité »

« Ces inven­tions sont le fruit d’une nou­velle organ­i­sa­tion du groupe. En tant que PDG de Valeo, j’avais fait en sorte que les dix branch­es d’activité tra­vail­lent réelle­ment ensem­ble, sur le long terme. Dix-huit mois plus tard, le stop&start était inven­té ! », se félicite Thier­ry Morin, intariss­able sur le sujet : « L’innovation ne se décrète pas. La seule chose que peut faire un chef d’entreprise, un gou­verne­ment, un prési­dent d’université, c’est créer les con­di­tions de la fer­til­ité. Quand j’ai vis­ité les bureaux de Microsoft au début des années 1980, je fus d’abord sur­pris de voir les jeunes tra­vailler dans l’herbe, puis d’apprendre que cela engendrait d’importants gains de pro­duc­tiv­ité et de créa­tiv­ité. »

« Apporter ma compréhension du monde économique »

Ain­si, il n’arrive pas avec « une vision » pour l’UTC, mais avec une expéri­ence et un car­net d’adresses excep­tion­nel, une volon­té de créer des passerelles entre les mon­des uni­ver­si­taires et économiques, et une « obses­sion » pour l’innovation et les nou­velles tech­nolo­gies. « L’UTC est remar­quable­ment bien posi­tion­née dans ces domaines. Si je peux con­tribuer à main­tenir ce niveau d’excellence en appor­tant ma com­préhen­sion du monde économique, j’en serais ravi », s’engage-t-il.
Il n’ignore pas les nou­velles con­traintes qui pèsent sur les uni­ver­sités, à com­mencer par les ques­tions budgé­taires, qu’il faut appréhen­der dans un monde de com­péti­tion accrue entre les étab­lisse­ments. « Les uni­ver­sités auront besoin de trou­ver de nou­veaux finance­ments. Je crois beau­coup aux parte­nar­i­ats qui don­nons un sens à l’innovation rap­prochent les mon­des uni­ver­si­taires et économiques. Pro­pos­er des chaires d’entreprises ne me choque pas, ni con­duire des pro­jets de recherche pour le compte de don­neurs d’ordres privés, qui peu­vent nouer des parte­nar­i­ats de long terme. Renault serait un excel­lent parte­naire pour dévelop­per des bat­ter­ies élec­triques.  »
Car pour Thier­ry Morin, l’avenir de l’automobile repose sur la motori­sa­tion élec­trique. Il y croit dur comme l’acier frit­té issu des usines de Sin­tertech, qu’il engagera dans la fab­ri­ca­tion de moteurs élec­triques. «  Pour la pre­mière fois de ma vie, je détiens la total­ité des parts d’une entre­prise, par envie de réus­sir à la redress­er. J’aime quand les choses fonc­tion­nent, comme une belle hor­logerie, un bon moteur. J’aime aus­si m’inscrire dans une dynamique, avec tout ce que cela com­porte de plaisirs et de con­traintes.  »
Avec cette vision glob­ale qui car­ac­térise les grands patrons et son aver­sion pour la stag­na­tion, il s’intéresse aus­si à la recharge des bat­ter­ies et a choisi d’investir dans une start-up française, Nanomak­ers, qui fab­rique des nanopoudres de car­bu­re de sili­ci­um. L’intérêt ? Ces nanopoudres ren­for­cent les anodes des bat­ter­ies, ce qui per­met de les recharg­er en quelques sec­on­des sans les user pré­co­ce­ment. Thier­ry Morin a telle­ment d’idées que cer­taines restent dans les car­tons, comme celle d’un taxi à l’anglaise élec­trique. «  Je ne l’ai pas mené jusqu’à la phase d’investissement, mais je donne ce pro­jet à qui veut !  »

Foi en la jeunesse

Le prési­dent de l’INPI croit en la jeunesse. «  Il faudrait créer un max­i­mum d’entreprises pen­dant la sco­lar­ité, à ce moment où les jeunes ont l’envie, l’appétit, et une capac­ité d’invention con­sid­érable. Avec l’expérience arrivent les blocages. Je siège au con­seil d’administration de sept start-up dont les créa­teurs n’ont pas la trentaine, mais plein d’idées extra. Je les aide à éviter des erreurs de ges­tion, je leur donne des con­tacts, des réflex­es  », explique-t-il.
Diplômé d’un mas­ter de ges­tion à Paris Dauphine, il y a don­né des cours pour « ren­dre à l’Université ce qu’elle m’avait apporté ». « Mon expéri­ence peut intéress­er les étu­di­ants. D’ailleurs, il faudrait oblig­er les seniors comme nous à aider les jeunes, une sorte de ser­vice civique… Parce que je crois en la jeunesse, je suis enchan­té de vivre cette expéri­ence à l’UTC.  »

Biographie

Né en 1952, Thier­ry MORIN suit une sco­lar­ité clas­sique qui se con­clut par une maîtrise de ges­tion à l’Université Paris IX de Dauphine. Sa car­rière est exem­plaire. Il la débute au sein de l’entreprise Bur­roughs et tra­vaillera ensuite pen­dant dix années au sein du groupe Schlum­berg­er.

Il quit­tera finale­ment ce groupe pour par­tir à Los Ange­les. Il y devient Directeur Général Adjoint de la divi­sion ISD de Thom­son Con­sumer Elec­tron­ics où il lance une gamme mon­di­ale d’ordinateurs per­son­nels.
Il intè­gre l’équipementier VALEO en 1980 en tant que directeur financier du départe­ment trans­mis­sion. Une nou­velle fois il grav­it les éch­e­lons d’un groupe qu’il apprend à con­naître et en 2000 il en devient le Directeur Général.

En mars 2001, Thier­ry MORIN devient à 49 ans, Prési­dent Directeur Général d’un des plus puis­sants équipemen­tiers mon­di­aux : VALEO. En moins de 3 ans, il redresse le groupe.

A par­tir de 2005, il accélère l’innovation et VALEO devient à compter de 2008 un équipemen­tier incon­tourn­able avec des pro­duits tesl que Stop Start (micro­hy­bride), Park 4U (sys­tème de park­ing automa­tique du véhicule), Suivi de Tra­jec­toire Latérale (LDWS), Détec­tion Dans l’Angle Mort (BSDS).

Depuis 2009, Thier­ry MORIN gère une activ­ité d’amorçage dans les tech­nolo­gies nou­velles ain­si qu’une société de con­seil dans le domaine de l’industrie. Il est égale­ment prési­dent de l’INPI et mem­bre du con­seil d’administration d’Arkema.

Cheva­lier de la Légion d’Honneur et des Arts et des Let­tres, Offici­er dans l’Ordre Nation­al du Mérite.
Il est élu au Con­seil d’Administration de l’UTC le 13 juin 2013 après le départ de Chris­t­ian ESTEVE.

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Avril 2025 - N°65

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