La passion pour les médias
Diplômé de l’UTC en génie informatique en 1995, Florent Latrive n’a jamais exercé son métier d’ingénieur. Passionné de presse et des impacts de la technologie sur la société, il est directeur éditorial du numérique à France Culture et maître de conférences associé en journalisme numérique à l’Institut français de presse (Paris II Assas). Portrait d’un homme dont la passion pour les médias lui a fait ouvrir les portes les plus verrouillées.
Sa passion pour les médias ? Il la cultive déjà dans ses années à l’UTC qu’il intègre pour ” la modularité de l’enseignement et sa diversité,notamment la part de sciences humaines qui était au programme telles la philosophie avec Stiegler ou l’éthique. Ce qui était enthousiasmant, c’est que, quels que soient les cours, la philosophie de l’enseignement à l’UTC est de nous inciter à réfléchir sur ce que l’on faisait, ce que l’on apprenait, sur le métier en général et sur l’impact des technologies sur la société en particulier. Grand lecteur de presse, ce dernier aspect m’intéressait particulièrement “, dit-il.
Ses débuts dans les médias ? Un pur fruit du hasard.” À mon retour du stage de fin d’études en Hongrie, je m’interrogeais, comme tout jeune diplômé, sur ce que je voulais faire. C’est alors que j’ai rencontré fortuitement le rédacteur en chef de Oise Hebdo, dont l’un des journalistes venait de se casser une jambe, et qui cherchait un remplaçant pour faire un reportage sur des noces d’or dans un petit village pas loin de Compiègne. Et là, ce fut la révélation. J’ai pris tellement de plaisir que je me suis dit : “C’est ce que je veux faire.” C’est devenu une évidence pour moi, passionné de presse “, explique Florent Latrive.
Après quelques mois à Oise Hebdo, c’est l’appel de Paris.” Doté d’une formation en informatique et maîtrisant les nouvelles technologies, je me suis mis en tête de les exploiter en tant que journaliste. Or, dans la seconde moitié des années 1990, c’est le début de l’essor de l’Internet dans le grand public, l’arrivée des téléphones portables qui ont apporté leur lot de questions. Questions de régulation, questions sur les usages, questions sociétales, questions politiques, toutes choses qui me passionnaient “, assure t‑il.
À Paris, il opte pour Libération qui avait, d’ores et déjà, un cahier multimédia de huit pages hebdomadaires qui s’intéressait à ces questions-là. ” Ils m’ont pris en CDD et j’ai travaillé sur divers sujets telles la chasse au loup ou la mort subite du nourrisson. Des sujets très éloignés des technologies. Mais pour Libé, ne sortant pas d’une école de journalisme, c’était une manière de me tester, de me secouer dans tous les sens en me mettant en concurrence avec les jeunes diplômés d’écoles de journalisme. À l’issue de ce CDD, j’ai signé un CDD long suivi d’un CDI. J’ai occupé différents postes mais je me suis toujours intéressé à la science, aux technologies et à leurs impacts sur la société ; la montée d’Internet et les questions de gouvernance qu’il pose, celles des droits d’auteur et de propriété intellectuelle. J’ai écrit notamment des livres sur toutes ces problématiques “, détaille-t-il. Il y resta près de vingt ans dont sept ans, à partir de 2007, en tant que rédacteur en chef du site web. ” J’ai accompagné la transformation numérique du journal et créé par exemple “Libé Labo”, l’atelier audio et vidéo de Libération. On faisait déjà, en 2007, ce qui paraissait avant gardiste à l’époque, des podcasts et des formats vidéo “, précise Florent Latrive.
En 2014, il profite d’un plan social pour aller explorer d’autres horizons. Ce sera France Culture. Une des raisons ? ” France Culture répondait à quelque chose qui m’a toujours animé : la question de la transmission. C’est un média qui s’appuie énormément sur les connaissances et les savoirs. C’est celui du temps long. Ses blockbusters sont des émissions de philosophie ou d’histoire des sciences qui durent une heure. C’est enfin celui où la transformation numérique est au coeur du métier et j’avais énormément envie d’accompagner ce processus. J’ai dû être convaincant puisque j’ai été pris et j’y suis toujours “, conclut-il.