Félix Brossard, documentariste engagé
Derrière le documentaire Our Brothers’ and Sisters’ Keepers accueilli au Grand Rex à Paris, le 9 décembre après plusieurs diffusions nationales, révèle l’incroyable périple d’une équipe embarquée en Pologne à l’été 2022 par Félix Brossard, étudiant de l’UTC de 21 ans. Immersion au coeur de l’unique projet a avoir été autorisé a recueillir les témoignages de réfugiés ukrainiens et de bénévoles dans le camp de Przemyśl en Pologne, à une dizaine de kilomètres de la frontière ukrainienne.
Félix Brossard, UTCéen en 3e semestre de génie informatique, ne vit que pour le cinéma et l’image. Créateur de l’association Studio N, l’une des plus grandes associations bénévoles de France avec pres de 400 adhérents, membre fondateur de la société Studio N et de la Fédération française du cinéma associatif, le Deux-Sévrien est un passionné engagé.
Un boulimique de travail et un hyperactif qui n’aime ni le vide ni s’ennuyer : « Il y a trop de choses à faire pour ça ! », souligne-t-il. Son aspiration : « Donner du sens à ma vie et utiliser ce que je sais faire pour aider les autres. » Une semaine après la déclaration de guerre à l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, Félix et un groupe de Studio N décident de s’engager. « C’est la première fois que l’on vit un conflit sur notre continent, indique l’UTCéen. On imagine alors que des jeunes de notre âge se battent pour leur pays. Nous ne sommes pas forts en humanitaire mais en image. On convient de réaliser un documentaire dans le camp de Przemyśl en Pologne où des milliers d’Ukrainiens se sont réfugiés. On n’allait pas chercher des images chocs mais des témoignages pour faire passer la parole auprès de l’Europe. La ville nous autorise à filmer. C’est inédit et une exclusivité assez dingue. » Les récits recueillis à Przemyśl en Pologne, première ville située à une dizaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, illustrent l’engagement et l’audace de la jeune équipe. Le documentaire Our Brothers’ and Sisters’ Keepers « permet de revenir sur terre et de comprendre les problématiques importantes, indique Félix. On a des messages à diffuser pour que les gens comprennent ce qui s’est passé là-bas. » Projeté au multiplexe CGR Niort le 10 novembre, à celui de Poitiers-Castille le 17, d’Angoulême le 24 et de Bordeaux-Le Français le 1er décembre grâce aux étudiants de l’UTC en UV GE37 qui organisent ces avant-premières, le documentaire sera aussi présenté au Grand Rex, à Paris, le 9 décembre. Une consécration selon l’UTCéen : « Être soutenu par ce cinéma n’est pas rien. »
Périples pour tournages inédits
Fin juin 2022, après une journée et demie de trajet, l’équipe débarque alors à Przemyśl, dans un camp de transit qui n’est qu’une étape vers un autre pays d’accueil comme l’Allemagne, la France et « surtout la Pologne de culture similaire et qui laisse aux réfugiés la possibilité de rentrer chez eux assez vite ». Ici, tout est géré par des associations, des organisations non gouvernementales et des bénévoles comme Hessel, ancien banquier néerlandais qui a tout quitté pour aider les gens dans un besoin absolu. « Il fait quelque chose pour lui essentiel. Ça a remis ses curseurs de valeur à zéro. On prend une claque de sens. » Après sept jours sur place, quatorze témoignages de bénévoles et de réfugiés enregistrés, le documentaire Our Brothers’ and Sisters’ Keepers livre 42 minutes de récits « parfois terribles et compris après coup lors du montage. Et là, c’est pas évident… »
Début 2023, touché par le documentaire, l’ancien banquier néerlandais contacte l’équipe afin de le suivre jusqu’en Ukraine dans des groupes humanitaires. « On a été accrédité par le chef des armées ukrainiennes pour filmer et montrer la situation sur place. C’était concret. On ne pouvait plus reculer. D’un point de vue humanitaire et professionnel, cette opportunité était une occasion à ne pas louper, même si on n’est plus en Pologne mais en Ukraine avec les risques que cela comporte », souligne le passionné. En juillet dernier, à Fastiv, Irpin, Ouman et encore Kiev, l’équipe marquée par les conséquences de la guerre et ce qu’elle y voit, filme le deuxième épisode d’un projet beaucoup plus vaste et global. La trentaine d’interviews et les 50 heures d’images tournées sont actuellement en cours de traduction pour la réalisation d’un nouveau documentaire.
Études et esprit d’entreprise
« L’UTC laisse une grande place pour les projets hors temps études et pousse beaucoup à l’autonomie et à l’investissement. C’est sans doute grâce à cette formule que j’ai pu m’investir dans ce projet », reconnaît Félix. Pour monter des projets d’envergure comme celui-ci, Robin, ami et membre du BDE dont fait par ailleurs partie le jeune documentariste, souligne qu’« il faut la force mentale de s’y mettre. Beaucoup d’étudiants ont l’esprit d’entreprise mais le plus dur c’est de concrétiser. Lui, il va le faire. C’est toujours ce qui m’a impressionné chez Félix. Il ne se trouve jamais d’excuse. Il travaille tout le temps parce qu’il sait mettre entre parenthèses sa vie sociale et d’étudiant. Sa démarche m’a tout de suite épaté. Partir s’exposer pour prendre des images nous a posé beaucoup de questions. Mais c’était un projet réfléchi avec toute une approche. En Pologne, c’était safe et rassurant. En Ukraine, il y avait la possibilité qu’il ne revienne pas… » Aujourd’hui, le jeune UTCéen espère de nouveau repartir mais avec son diplôme en poche et achever avec l’association Studio N les nombreux projets en cours : assurer la sortie prochaine d’un court métrage de pirates tourné en 2022 sur l’île d’Oléron et monter cet été le Festival national du cinéma associatif.