« Faites rayonner la France dans le monde entier »
Christine Kerdellant est directrice des rédactions de L’Usine Nouvelle, de L’Usine Digitale, d’Industrie & Technologies, du Bip et d’Enerpresse. Elle est la marraine de la remise des diplômes 2021. Entretien !
Pourquoi avez-vous accepté de tenir ce rôle de marraine de la remise des diplômes de l’UTC ?
C’est un honneur ! Et c’est la première fois que l’on me demande un tel « exercice ».
Que représente cette école d’ingénieurs pour vous ?
D’abord, c’était l’école de Charles Foucault, l’exrédac’ chef et quasi-fondateur de l’Usine digitale, qui était un journaliste brillant, imaginatif et avec qui j’ai adoré travailler avant son départ en Suisse pour fonder une start-up. Donc j’en ai eu d’emblée une bonne image ! Ensuite, c’est à l’UTC que pour la première fois je suis montée dans une voiture autonome, une expérience qui m’avait bien amusée et ouvert des horizons. Enfin, l’UTC a été notre partenaire pour l’exposition « l’Industrie vue du Ciel »… Tout cela crée des liens.
Qu’attendez-vous de cette promotion pour la suite de leur parcours professionnel ?
Que beaucoup d’élèves choisissent l’industrie ! Les ingénieurs peuvent y faire de belles carrières, the sky is the limit… Les ingénieurs ne sont pas assez nombreux en France, donc les portes sont toutes grandes ouvertes pour les meilleurs d’entre eux ! Et puis, dans la course à la neutralité carbone en 2050, qui est notre obsession, l’industrie représente 20 % du problème et 80 % des solutions. On ne s’en sortira pas sans innovations technologiques, dans tous les domaines, celui de l’énergie en tête.
Que leur souhaitez-vous ?
Je leur souhaite de faire comme Gustave Eiffel, très à la mode cette année (et sur qui j’ai écrit mon dernier livre) : réussir à faire rayonner la France dans le monde entier. La France des ingénieurs était tellement plus innovante que celle des technocrates !
Quelles qualités et compétences font aujourd’hui la différence ?
Adaptabilité, intelligence, esprit d’initiative, goût du risque… Mais ce sont les mêmes, je crois, que celles qui permettaient de faire une grande carrière et de vivre une belle vie il y a un siècle !
Vous mettez en avant très souvent les métiers de l’ingénieur dans vos colonnes. Quelles sont les convictions de vos supports médiatiques au sujet du monde de l’ingénieur ?
Nous nous adressons à des cadres de l’industrie, mais essentiellement aux ingénieurs. Nous leur montrons que le monde des ingénieurs est infini ! Il conduit à une large palette d’activités et de métiers, selon qu’on choisit d’aller dans l’IA, l’hydrogène, l’agro-alimentaire…
Si votre carrière en avait été autrement, auriez-vous embrassé le métier d’ingénieur ? Dans quelle filière ? Pourquoi ?
Je rêvais d’être journaliste depuis l’enfance. Je ne voulais entendre parler de rien d’autre. Il a fallu que je me batte pour y arriver, car autour de moi on voulait absolument que je devienne ingénieur, justement. Finalement, j’ai fait HEC qui me semblait plus logique pour devenir journaliste (ça ne l’était pas en réalité, et être ingénieur m’aurait permis de devenir journaliste scientifique plutôt que journaliste économique). Aujourd’hui, nous recrutons régulièrement de jeunes ingénieurs qui veulent devenir journalistes, c’est le meilleur profil qui soit pour suivre l’aéronautique, l’auto ou l’énergie à L’Usine Nouvelle, L’Usine digitale ou Industrie & Technologies…
Vous mettez très régulièrement en avant l’ingénieur du futur, via articles et événements très réussis, comment est cet ingénieur du futur ?
C’est un familier de l’IA et plus généralement des nouveaux outils numériques. Mais qu’il crée sa start-up ou qu’il rentre chez Thalès ou L’Oréal, je l’imagine vouloir travailler sur les enjeux clés du monde qui vient, la sauvegarde de la planète en tête… C’est aussi quelqu’un qui fonctionne par « try and learn », essais et erreurs, qui n’a pas peur de se tromper. Les Steve Jobs, Bill Gates ou Elon Musk aujourd’hui aim(ai)ent s’entourer de gens qui savent ce qu’est l’échec : ils en ont eu eux-mêmes, à leurs débuts, et savent que ces « cicatrices » sont le passeport d’une plus grande réussite.
La crise sanitaire a‑t-elle rebattu les cartes ?
Oui, elle a provoqué une accélération des tendances, qu’il s’agisse du recours au télétravail ou de la montée en puissance de la Chine. Le patron de la Camif, qui vend des articles liés à la maison, prône la recyclabilité et les circuits courts, et a pris l’initiative de ne plus rien acheter en dehors d’Europe, me racontait il y a quelques jours que ses résultats ont progressé en 1 an comme il espérait qu’ils le fassent en 5 ans !
Vos classements permettent notamment de bien choisir son école d’ingénieur. Comment procédez-vous ?
Nous récoltons pendant quatre mois des données auprès des écoles ou de la CDEFI (c’est un travail de longue haleine, car nous jugeons sur des dizaines de critères), nous les validons, puis nous établissons des notes sur une dizaine d’items (rayonnement international, proximité avec les entreprises, recherche, etc.). Nous faisons évoluer les critères tous les deux ans environ.
Enfin, quelle est l’actualité de fin d’année de votre entreprise de presse et ses perspectives pour 2022 ?
Usinenouvelle.com est le premier site Internet BtoB en France ! Le public s’élargit sans cesse sur les sujets Aéro, Spatial ou Énergie… Et il n’est pas près d’être détrôné, car au cours des prochains mois nous allons intégrer dans L’Usine Nouvelle d’autres marques du pôle industrie du groupe : infochimie, emballages magazine, etc. Parallèlement, le mensuel papier continue d’être la référence de l’industrie, avec les confinements il n’a cessé de conforter sa place.