Dare, Share, Care!

Diplômée en 1994, en génie infor­ma­tique à l’UTC, Danièle Ili­es­cu Bigey a tout de suite rejoint le groupe Renault où elle a occupé divers­es fonc­tions. Elle a don­né, le 30 août, une leçon inau­gu­rale à l’UTC.

Le fil con­duc­teur de sa leçon ? « Dare, share, care », dit-elle. Un mantra que son par­cours pro­fes­sion­nel et per­son­nel illus­tre par­faite­ment. C’est à l’époque de Nico­lae Ceaus­es­cu qu’elle a pu rejoin­dre la France. Son père y étant réfugié poli­tique, les portes de l’université en Roumanie lui étaient fer­mées. « Pen­dant près de trois ans, on a, ma mère et moi, vécu chiche­ment de ce que mon père nous envoy­ait et de petits boulots que l’on trou­vait ici et là. Une péri­ode certes dure mais qui m’a forgé une forme de volon­té et de résis­tance. Ain­si, ne pou­vant rejoin­dre l’université et pour ne pas per­dre mes acquis, je me suis imposé un pro­gramme quo­ti­di­en de tra­vail sur les maths, la physique, l’apprentissage du français… » explique-telle.

En 1989, c’est enfin la délivrance et l’arrivée en France où elle s’inscrit à l’université de Rouen. « C’était un choc cul­turel à tous les niveaux. Que ce soit dans le mode de vie, dans l’abondance ou encore dans l’accueil bien­veil­lant des gens. Ma force de car­ac­tère aidant, j’ai réus­si à dépass­er les dif­fi­cultés passées comme celles éprou­vées en France. Je me sou­viens de cette péri­ode avec beau­coup d’émotion car ce fut, pour moi, une deux­ième nais­sance, une deux­ième chance de vie que je ne voulais pas gâch­er », assure-t-elle.

Deug en sci­ences en poche, Danièle pos­tule à l’UTC qu’elle intè­gre, sur dossier, en génie infor­ma­tique. C’est à la suite du pro­jet de fin d’études chez Vol­vo que com­mence l’aventure au sein de Renault. Elle dur­era plus de vingt ans. « Chez Renault, j’ai d’abord eu des expéri­ences très opéra­tionnelles en man­age­ment de pro­jets car j’aime fédér­er des gens mais aus­si porter une vision. Toutes ces années-là, j’ai tra­vail­lé pour des clients métiers la prox­im­ité directe nous per­me­t­tant de voir com­ment le client allait utilis­er notre pro­duit », souligne-t-elle.

Des pro­jets pré­cis ? « Ain­si, pour l’ingénierie du groupe Renault, nous avons dévelop­pé la pre­mière mes­sagerie locale qui se sub­sti­tua à la dif­fu­sion papi­er. Les pro­jets véhicule néces­si­taient, à chaque revue de pro­jet, énor­mé­ment de rap­ports de dizaines de pages à imprimer à nom­bre de des­ti­nataires, donc de papi­er gaspillé. Nous avons apporté, avec l’e‑mail, une facil­ité d’utilisation et une économie de papi­er con­sid­érable. Nous avons égale­ment tra­vail­lé sur un pro­jet en direc­tion com­mer­ciale. Dans ce cas pré­cis, il s’agit du partage des infor­ma­tions et de tra­vail col­lab­o­ratif. On a dévelop­pé un por­tail appor­tant à la con­nais­sance de tous, les infor­ma­tions émanant des dif­férentes entités mar­ket­ing », pré­cise Danièle. Un trait de car­ac­tère qui émerge lors de la mise en oeu­vre de tous ces pro­jets ? « J’aime faire tra­vailler les gens ensem­ble et met­tre en valeur le tra­vail des uns et des autres. La plu­part du temps, les indi­vidus ont ten­dance à rester en silo, par habi­tude ou par lim­i­ta­tion tech­nologique. Par exem­ple, les ser­vices mar­ket­ing dis­po­saient des pubs vidéo mais ne savaient pas com­ment les partager avec l’ensemble de leurs col­lègues à l’international. La mise en place du por­tail a résolu le prob­lème et d’un clic les gens pou­vaient accéder à toutes les pubs, sans lim­i­ta­tion géo­graphique. On a d’abord dû résoudre la prob­lé­ma­tique du réseau qui, à l’origine, n’était pas dimen­sion­né pour sup­port­er des fichiers aus­si lourds », dit-elle.

Après une dizaine d’années dans l’opérationnel, le besoin de pren­dre de la hau­teur se fait sen­tir. « J’avais besoin d’avoir une meilleure vision et une meilleure com­préhen­sion et con­nais­sance des métiers pour lesquels je tra­vail­lais », affirme-t-elle. Elle décide alors de suiv­re pen­dant un an et demi une for­ma­tion MBA Gen­er­al Man­age­ment, fil­ière “stratégie”, à HEC. « Renault m’avait pro­posé de le faire à mi-temps mais j’avais besoin de vivre cette expéri­ence à fond et j’ai décliné la propo­si­tion. J’ai donc pris un con­gé et me suis immergée dans cette for­ma­tion full-time inter­na­tionale, bilingue français/ anglais. Un milieu avec des pro­fils divers tant sur les plans cul­turels que pro­fes­sion­nels. Cela a été un bon­heur pour moi, les ami­tiés nouées pen­dant cette péri­ode sont indé­fectibles », détaille-t-elle.

À l’issue de la for­ma­tion, elle retourne chez Renault pour une mis­sion DSI pure­ment stratégique. « J’étais respon­s­able, au niveau CIO (chief infor­ma­tion offi­cer), de la coor­di­na­tion des plans de syn­er­gies entre les sys­tèmes d’information de Renault et Nis­san. Il s’agissait d’identifier toutes les oppor­tu­nités de con­ver­gence des SI, de réduc­tion de coûts, de partage des bonnes pra­tiques, etc. », pré­cise Danièle.

J’aime faire tra­vailler les gens ensem­ble et met­tre en valeur le tra­vail des uns et des autres.
Danièle Ili­es­cu Bigey

Elle quitte ensuite la DSI pour inté­gr­er la direc­tion méti­er Qual­ité & Sat­is­fac­tion Client, où elle pilote la trans­for­ma­tion dig­i­tale et data au nou­veau groupe.

La pandémie arrive et, comme beau­coup de gens, elle se pose la ques­tion de la suite. Elle rejoint d’abord Capgem­i­ni, en tant que direc­trice Engage­ment Insights & Data, puis récem­ment Egis, un leader mon­di­al dans le génie civ­il, les trans­ports et le bâti­ment, qui relève les grands défis de notre temps : urgence cli­ma­tique, révo­lu­tion numérique et crois­sance démo­graphique. En tant que direc­trice Appli­ca­tions & Data Groupe, Danièle espère ain­si apporter sa petite pierre à l’édifice d’un monde meilleur pour les généra­tions futures.

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