Agir sur le monde en changeant le regard sur l’innovation
La fondation partenariale et ses membres fondateurs s’engagent aux côtés de l’université de technologie de Compiègne pour soutenir l’excellence scientifique et notamment la chaire « Ouverture sociale et innovation ». L’objectif est double : élargir l’ouverture sociale au sein de l’UTC, mais aussi avoir un impact sur l’innovation technologique au sein des industries du territoire.
Dans le paysage académique français, l’UTC occupe une place de choix en matière d’innovation technologique. Du fait de son slogan, l’UTC se propose de « donner du sens à l’innovation », en invitant à une réflexion sur la conception et le devenir des technologies. La question de la composition sociale des collectifs participant à ces innovations reste trop souvent un angle mort des études sur l’innovation en France. La chaire « Ouverture sociale et innovation » propose de s’attacher particulièrement à cette question et d’expérimenter des actions concrètes. Au niveau scientifique, la chaire est animée par Michaël Vicente, maître de conférences en sociologie à l’UTC, avec d’autres membres du laboratoire Costech. Alexandre Longa, ingénieur de recherche, a été recruté pour assurer la coordination de cette Chaire. « Nous réalisons des activités avec des plateformes comme la halle numérique et le fab lab. Les acteurs incluent également les établissements. Nous travaillons déjà avec une petite dizaine de collèges, et d’autres collaborations sont en construction sur l’ensemble du territoire des Hauts-de-France ainsi qu’en Seine-et-Marne. La chaire a pu démarrer ces activités grâce au soutien de la Région Hauts-de-France mais aussi de la Fondation du Crédit Agricole Brie Picardie pleinement impliquée dans les enjeux de territoire et la Fondation UTC pour l’innovation, » précise Michaël Vicente. Cette chaire vise au développement d’un ensemble de recherches-actions sur la thématique de la place de l’ouverture sociale dans les contextes d’innovation. Il s’agira de mettre en évidence et de décrire les mécanismes qui lient ouverture sociale et innovation, dans ses dimensions historique, statistique et expérimentale. L’objectif est de développer et de rendre visible à l’international ce type de recherche.
Un impact sur la diversité sociale des étudiants
Cette chaire reposera sur trois piliers : sensibilisation, accompagnement et recherche-action. Ce type de projet nécessitera la mise en place de dispositifs de sensibilisation dans les collèges et lycées, qui pourront se faire en coordination avec le travail effectué par les « cordées de la réussite ». Cela par la mobilisation d’étudiants ou d’anciens étudiants qui interviennent au sein des établissements du territoire. L’objectif à cinq ans sera d’avoir un réel impact sur la diversité sociale des étudiants. « La dimension d’accompagnement passera soit par la mise en place de modules spécifiques, soit par un programme renforcé de tutorat et visera en un suivi plus spécifique et volontaire des nouvelles cohortes intégrées : suivi sur les fondamentaux (mathématiques, physiques), mais également sur la maîtrise de la langue française et de la rédaction. L’ensemble de ces actions se feront en soutien et dans la lignée des actions existantes au sein de l’établissement. Au niveau pédagogique, il s’agit de mettre la technologie au centre du dispositif éducatif », complète-t-il.
Penser la pluralité des possibles dans les processus d’innovation
L’innovation est ici pensée comme facteur de développement économique et social sur un territoire donné. Certains économistes évaluent de 1 à 1,55 % du PIB la hausse de croissance annuelle que pourrait provoquer une démocratisation élargie aux métiers de l’innovation (Jaravel, 2023). « L’objectif de cette chaire est de comprendre quels sont les freins à cette démocratisation et de proposer des dispositifs d’incitation. Le projet entend ainsi développer des ateliers permettant de susciter la vocation d’ingénieur auprès des publics éloignés de ces ambitions, parce qu’issus de milieux peu favorisés, de milieux ruraux ou encore le public féminin. L’ambition est avant tout compréhensive. Il s’agit de comprendre pourquoi le public défavorisé ne postule pas, ou peu, dans nos écoles et dans notre établissement en particulier. L’ambition à plus long terme est de faire en sorte qu’il y ait une plus grande diversité sociale dans notre établissement, même si nous savons que c’est un travail de longue haleine. C’est notamment pourquoi nous intervenons dès le collège. En effet, la vocation et l’ambition scolaire se construisent assez tôt. »