Maîtrise des systèmes technologique sûrs et durables
Directeur du laboratoire Roberval de l’UTC depuis 2015, Jérôme Favergeon est également directeur d’une « Initiative » consacrée à la maîtrise des systèmes technologiques sûrs et durables dans le cadre du programme « Instituts et Initiatives » lancé, en 2019, par l’alliance Sorbonne Université.
Une alliance qui regroupe dix établissements dont l’UTC, le Muséum national d’histoire naturelle ou l’INSEAD et couvrant tous les champs disciplinaires des lettres, de la médecine, des sciences et ingénierie, de la technologie et enfin du management. L’idée de ce programme ? « Comme les Labex, dont celui de Maîtrise des systèmes de systèmes technologiques de l’UTC (MS2T), sont appelés à disparaître, l’Alliance a décidé de mettre en place une autre architecture afin de promouvoir la recherche pluridisciplinaire autour d’initiatives structurantes. Notre Labex se terminant en 2022, nous avons pris la décision, motivée par l’acquis accumulé dans ce cadre durant une dizaine d’années, de proposer l’Initiative “maîtrise des systèmes technologiques sûrs et durables” », souligne-t-il.
Le financement de ce programme ? « Il bénéficie d’une dotation annuelle de l’alliance sur les fonds de l’Idex SUPER qui permet de financer des thèses, des post-docs, des stages de master ou encore d’inviter des chercheurs étrangers », précise-t-il. Le maître mot d’« Instituts et Initiatives » ? « C’est la pluridisciplinarité. Les Instituts se sont créés autour de thématiques ou d’objets de recherche sur lesquels l’Alliance était déjà reconnue internationalement, avec comme objectif de fédérer les forces en présence, rassembler les disciplines et atteindre une certaine masse critique. Les Initiatives concernent des thématiques émergentes sur lesquelles on a peu d’historiques, et pas nécessairement de communauté scientifique définie. Elles sont donc plus jeunes en termes de maturité. Ainsi, je n’ai pas, dans le cadre de l’initiative que je dirige, prédéfini un périmètre précis d’acteurs amenés à travailler sur le sujet. C’est ouvert, en ce sens que tout chercheur de l’alliance peut participer aux travaux de recherche menés au sein de cette Initiative portée par l’UTC, dès lors qu’il porte un projet de recherche technologique répondant aux enjeux de l’Initiative », explique Jérôme Favergeon.
Une pluridisciplinarité qui n’est pas toujours évidente à mettre en oeuvre. « C’est difficile de faire travailler des chercheurs d’horizons différents ensemble. En effet, le chercheur est jugé sur sa discipline, évalué par rapport à sa discipline ; il sait se faire reconnaître dans sa discipline. Demander à un chercheur de travailler d’une manière interdisciplinaire n’est, hélas, pas une démarche si naturelle que cela. D’autant que ce n’est pas sous cet angle-là que les carrières se construisent. C’est donc un réel challenge de réussir à croiser des disciplines autour de projets communs en faisant en sorte que chaque discipline s’y retrouve. Pour notre part, nous essayons, dans les projets, d’associer au moins deux laboratoires ou carrément deux établissements », assure-t-il.
Une Initiative qui a donné lieu à divers projets de thèse et de post-docs. Parmi les thématiques abordées par ces projets ? « Une première s’intéresse aux principes de la “Low- Tech”. Des principes qui prônent de réorienter la conception des technologies numériques sur des trajectoires d’innovation prenant en compte les aspirations à un monde plus soutenable. La deuxième porte sur la sécurité des réseaux ; une sécurité basée sur des algorithmes très gourmands en énergie. Là, l’idée est de trouver un consensus entre le niveau de sécurité et la consommation d’énergie. En un mot : allier sûreté et durabilité.
Quant aux plus récentes, elles portent respectivement sur la dépollution des sols grâce à l’utilisation de champignons particuliers – une dépollution naturelle en somme – et la conception d’antibiotiques.
Quant aux post-docs, ils concernent les projets suivants : trouver une solution à la défaillance des masques actuels en augmentant l’efficacité du filtre par un choix judicieux de composition, taille et structuration des fibres le constituant ; développer des systèmes de perception pour véhicules autonomes permettant de détecter avec fiabilité les vulnérables proches et enfin, le dernier propose de s’inspirer des stratégies des parasites intestinaux pour créer à terme de nouveaux dispositifs médicaux mécatroniques autonomes, capables d’être attachés dans l’intestin et de délivrer une dose régulière de médicaments », conclut Jérôme Favergeon.