La chaire hydraulique : de la recherche aux applications
La chaire hydraulique est née en 2010 du besoin de pérenniser l’enseignement de la transmission de puissance hydraulique à l’UTC dans le cursus d’ingénieur. Pour le Cetim, représentant des professions de la mécanique en France, il s’agit aussi de disposer d’une expertise scientifique dans le domaine de l’hydraulique.
L’UTC et le Centre technique des industries mécaniques ont créé la chaire hydraulique et mécatronique à l’initiative des industriels des transmissions hydrauliques et de leur syndicat professionnel Artema, avec le soutien de la Région Picardie et du fonds Feder. « Le constat technologique est clair, l’hydraulique par ses propriétés physiques comme la puissance massique et volumique n’est pas remplaçable à court terme, mais elle doit opérer sa mutation pour garder sa place dans une perspective d’énergie décarbonée, à savoir offrir une meilleure performance énergétique, réduire le bruit en fonctionnement et améliorer la compacité et l’adaptabilité aux transmissions électriques. En somme, un double constat justifiait la création d’une chaire : un besoin de formation et d’évolution pour cette technologie méconnue, invisible et souvent confondue avec l’hydraulique des barrages et encore indispensable pour animer les machines », explique le titulaire de la chaire, Éric Noppe, qui a rejoint l’UTC en tant qu’enseignant-chercheur contractuel après une expérience de 25 années passées dans l’industrie. « Les besoins dans le domaine de l’hydraulique amènent une très bonne perspective, car, paradoxalement, l’électrification des engins mobiles va générer beaucoup de travaux pour adapter la transmission hydraulique. Des transmissions moins bruyantes, qui tournent plus vite, plus efficaces énergétiquement et qui accompagnent les énergies nouvelles. Autant de challenges à venir ! »
Tout un écosystème dédié à l’innovation
La chaire permet de délivrer un cours d’hydraulique dans le cursus de formation des ingénieurs auprès de 25 à 30 étudiants formés chaque année. La chaire génère une activité de recherche technologique partenariale avec une plateforme d’essai et d’expérimentation intégrée dans le laboratoire de mécanique Roberval. Enfin, une activité de formation continue pour les industriels complète les travaux, avec un banc didactique opéré avec un partenaire. « Les ingénieurs de recherche, doctorants, étudiants ingénieurs stagiaires composent les forces vives de la chaire. La Fondation UTC pour l’innovation permet son financement par des fonds de mécénat. En effet, le Cetim, mécène de la Fondation partenariale de l’UTC, finance depuis l’origine le fonctionnement de la chaire. Les industriels concepteurs ou intégrateurs de fonctions hydrauliques participent aux projets de recherche collaboratifs et indirectement à la formation des ingénieurs en pépinière. Un réseau d’universités partenaires, telles que l’Insa Lyon, l’Insa Toulouse, l’université de Modena, l’université de Purdue Lafayette, forment autant de collaborations enrichissantes. La SATT Lutech, acteur et financeur de la recherche, accompagne aussi un brevet déposé dans le cadre de la chaire, pour un drone à transmission hydraulique », ajoute Éric Noppe. La chaire participe à de nombreux projets de R&D comme le projet européen H2REF-DEMO. Il s’agit de la conception et de la réalisation d’un compresseur d’hydrogène innovant qui sera à terme le plus grand d’Europe pour le remplissage des réservoirs des futurs camions et bus à hydrogène. Un prototype échelle 1 sera opérationnel en 2025. L’UTC assure la modélisation complète du process, une aide au contrôle-commande et la conception de la génération hydraulique. « C’est une vraie avancée dans le domaine de la compression d’hydrogène. L’hydraulique permet d’entrevoir une réduction de plus de 50 % de l’énergie consommée pour le remplissage de réservoirs des véhicules avec nouvelle méthode de remplissage innovante. »
« Rien ne peut se faire seul »
Les problématiques de l’hydraulique sont couplées avec le génie électrique, la mécanique des fluides et le calcul d’écoulement, les méthodes d’optimisation et de conception en génie industriel, l’acoustique, la tribologie et les matériaux, la commande et le contrôle. « En résumé, voilà un terrain de jeu d’application très riche pour les activités scientifiques de Roberval. Pour les étudiants, c’est un moyen de parfaire leurs connaissances dans le cycle diplômant mais aussi de participer à des projets de R&D industriels après le diplôme. La chaire devient pour eux une plateforme idéale pour intégrer l’industrie avec une spécialisation reconnue. Ils bénéficient de vrais sujets industriels mais aussi d’une exigence d’apprentissage de haut niveau qui les stimule. Pour les chercheurs en mécanique du laboratoire de Roberval, c’est autant de sujets collaboratifs et cas d’étude, car dans un domaine aussi multiphysique que l’hydraulique rien ne peut se faire seul », complète Éric Noppe qui, parmi les apports récents en termes de recherche de la chaire cite la création d’une servovalve hydraulique miniaturisée qui n’existe pas sur le marché. Un besoin justifié par le drone hydraulique. « Mais le principal apport reste l’ensemble des ingénieurs diplômés par l’UTC et qui sont allés grossir les rangs des industriels utilisateurs de l’hydraulique après leur passage à la chaire. »
KD