Innovations pédagogiques et développement soutenable
Les problématiques liées au développement durable ne sont pas absentes de l’enseignement à l’UTC. Ainsi, la mineure « DD Reset » a été créée en 2012. Depuis, la nécessité d’aller plus loin s’est fait jour avec la création, en 2022, de l’UV obligatoire pour tous les étudiants de première année IS00 et du label « Ingénierie soutenable », transversal aux cinq branches de l’UTC.
Coordinateur du label « Ingénierie Soutenable », copiloté avec des enseignants-chercheurs « référents » dans toutes les branches de l’UTC et suivi aujourd’hui par près de 100 étudiants issus de ces cinq branches, Hugues Choplin est enseignant-chercheur en philosophie et sociologie. Un label mis en place à la suite de la fondation, en 2020, du Collectif d’Ingénierie Soutenable (CIS) et, fin 2022, du Collectif LowTech (CLT).
Parmi les particularités de ces collectifs ? « D’une part, ce sont des collectifs qui intègrent étudiants et enseignants ; le rôle des uns et des autres étant tout aussi important. D’autre part, ils sont animés par des exigences radicales au sens noble du terme. Autrement dit, il s’agit d’interroger les racines de nos modes de fonctionnement et de voir en quoi on peut les modifier, par exemple les moyens de mobilité, dans le sens d’une plus grande sobriété », explique Hugues Choplin.
Comment aller vers plus de sobriété ? Tel est le questionnement de ces collectifs pour qui la lowtechnicisation peut constituer une des voies vers la sobriété. Qu’entend-on par low-technicisation ? « Il s’agit de transformer des systèmes high-tech en fonction de trois exigences : la durabilité, la sobriété et l’appropriation individuelle ou collective des systèmes techniques. Cette transformation “low-technicisante” requiert a priori de la “high science”, interdisciplinaire, et surtout un autre sens de l’innovation ! D’abord, il s’agit de réfléchir, d’inventer des dispositifs qui soient plus durables comme des cartes d’ordinateur en fibre de lin, par exemple. Ensuite, il faudrait questionner nos modes de vie et ouvrir des possibles (“utilité”). On peut ainsi imaginer qu’une voiture pourrait passer du statut de bien individuel à celui de bien partagé. Enfin, innover autrement en fabriquant des systèmes que les personnes puissent s’approprier facilement, réparer si nécessaire, etc. », souligne-t-il.
Séminaire intersemestre et IS00
Développer une ingénierie soutenable est au coeur des réflexions d’une part croissante des enseignants-chercheurs de l’UTC et, de plus en plus, des étudiants. Une démarche qui exige des innovations tant pédagogiques au niveau de la formation que de la recherche. Ainsi, depuis la rentrée 2022, IS00, une UV obligatoire, a été mise en place pour tous les élèves ingénieurs de première année (TC01) et à laquelle collaborent différents laboratoires dont Costech. L’objectif de cette UV ? « C’est de faire partager à tous les étudiants un langage commun sur les enjeux environnementaux qui portent à la fois sur les aspects techno-scientifiques mais aussi socio-économiques », explique Hadrien Coutant, sociologue au sein du laboratoire Costech.
Par ailleurs, le séminaire intersemestre appelé GE90, qui historiquement tournait autour de problématiques liées à l’économie internationale, ou au management, a été complètement remanié. « Ouvert à tous les étudiants mais aussi aux collègues d’autres disciplines, nous avons, David Flacher et moi-même, décidé de le recentrer sur les enjeux environnementaux. Chaque année, courant janvier, nous explorons de manière interdisciplinaire une thématique donnée. Cette année par exemple, on a abordé le thème du “vivant”. À l’issue du séminaire, les étudiants, par groupe de trois ou quatre, encadrés par David Flacher, Hugues Choplin et moi-même, rédigent un mémoire sur un sujet de leur choix mais en rapport avec la thématique abordée », précise Hadrien Coutant, co-animateur du séminaire avec David Flacher.
Master Erasmus Mundus
Fort de son expérience avec le premier master Erasmus Mundus qu’il a monté à l’université Paris 13, David Flacher décide de rééditer l’exercice dès son arrivée, en 2017, à l’UTC. La particularité d’un master Erasmus Mundus ? « On propose à des responsables de masters dans différents pays européens de construire ensemble une formation intégrée à l’échelle transeuropéenne. Si elle est sélectionnée, cette formation bénéficie de financements européens, notamment des bourses, dont plus des trois quarts sont réservés à des étudiants extra-européens. Dans le master EPOG+, porté par l’UTC, les étudiants passent la première année du master chez un ou deux partenaires européens, la seconde en France. C’est une vitrine de l’enseignement supérieur européen à l’échelle du monde », explique David Flacher, professeur en économie.
Avec l’UTC, huit partenaires principaux délivrent des diplômes et près de quarante associés contribuent à la formation. Porteuse du programme du master, l’UTC a comme partenaires principaux notamment Sorbonne Université et l’université Paris-Cité en France, l’université de Turin et Rome 3 en Italie, la Vienna University of Economics and Business en Autriche et la Berlin School of Economics and Law en Allemagne.
Les partenaires associés quant à eux comprennent des acteurs académiques un peu partout dans le monde mais aussi des institutions non académiques tels l’agence française du développement, le réseau intercontinental pour l’économie sociale et solidaire, la CEPAL, une des cinq commissions économiques régionales de l’ONU, ou l’UNESCO, par exemple. « Des partenaires associés qui peuvent accueillir les étudiants qui le souhaitent pour leur mémoire de fin d’année de master en fonction de leur projet », préciset- il. Le master Erasmus Mundus attire chaque année plus de 1 200 candidats de plus de 120 nationalités différentes pour près de 50 places. Le contenu de ce master Erasmus Mundus ? « Il est construit autour de trois grandes majeures. Une majeure “Innovation, savoir, transition numérique”, une seconde intitulée “Transition socio-économique, macro-économique et financière” et enfin la dernière axée sur le développement soutenable. Les étudiants choisissent une majeure et deviennent des spécialistes dans le domaine concerné. Mais notre objectif est surtout qu’ils travaillent entre eux, quelle que soit la majeure choisie. Ainsi, un étudiant qui se forme aux enjeux de l’innovation devrait également être très au fait des questions écologiques ou des problèmes macro-économiques que cela pourrait poser afin que sa réflexion sur les politiques économiques soit pertinente », conclut David Flacher.