Des micro-réseaux alimentés par panneaux photovoltaïques
Professeur des universités, Manuela Sechilariu est directrice, depuis 2016, de l’unité de recherche Avenues à l’UTC. Depuis la création du laboratoire en 2006, les micro-réseaux, en particulier alimentés par des panneaux photovoltaïques, constituent un des axes majeurs de recherche en son sein.
« Quelle que soit la nature des énergies renouvelables (EnR), elles nécessitent des systèmes multi-sources, autonomes ou connectés au réseau. Autrement dit un micro-réseau électrique. Pour notre part, nous travaillons sur les micro-réseaux alimentés par des EnR, en particulier le photovoltaïque (PV), dotés d’un stockage stationnaire, de charges et connectés au réseau national », explique Manuela Sechilariu. Très vite, l’équipe s’est interrogée sur la question de l’optimisation de ces technologies ou comment obtenir un coût d’énergie minimum tout en maximisant dans le même temps l’utilisation des EnR ? Deux champs d’application ont été identifiés : les bâtiments et la recharge des véhicules électriques (VE).
Concernant les bâtiments ? « On a opté pour l’utilisation de l’énergie issue de PV. Ce sont des sources associées à un micro-réseau intégré au bâtiment et qui visent l’efficacité énergétique. Pour maximiser le bénéfice de l’énergie issue de PV, on a proposé des réseaux d’alimentation en courant continu des bâtiments et nous avons fait l’optimisation du coût énergétique et de la stabilisation de ce micro-réseau, soit autonome, soit doté d’une connexion au réseau public », assure Manuela Sechilariu.
Quel choix pour les VE ? « Nous avons dû adapter nos concepts. En effet, dans ce cas précis se pose la question de l’utilisateur étant donné que la VE implique des arrivées et des départs intermittents et aléatoires en fonction des besoins du conducteur. Alors que, dans le bâtiment, c’est le maître d’ouvrage qui va définir les critères que ce soit de délestage, de fonctionnement ou de minimisation-maximisation de l’utilisation d’un certain nombre de charges d’énergie », explique-t-elle.
Des technologies utiles face à l’urgence climatique mais qui n’en nécessitent pas moins une analyse approfondie de leur propre bilan carbone. « On a créé un ensemble de méthodologies, d’outils – pour certains simplifiés et pouvant être utilisés par des acteurs économiques – concernant le dimensionnement de ces micro-réseaux qu’ils soient intégrés aux bâtiments ou à des stations de recharge de VE. Un dimensionnement qui réponde à la contrainte environnementale, économique et technique. Grâce à ces outils, on peut ainsi analyser le cycle de vie des différents composants, tant des PV que des micro-réseaux, de leur création jusqu’à leur destruction ou recyclage. Une analyse qui nous permet in fine de calculer l’impact carbone de ces technologies sur trente ans mais aussi le coût global », souligne-t-elle.
Des technologies qui produisent certes une énergie propre mais qui nécessitent des conditions de fonctionnement et d’usage favorisant une forme de sobriété de la part de l’utilisateur. « Dans un bâtiment doté d’un micro-réseau alimenté par PV par exemple, on produit bien sûr de l’énergie mais l’utilisateur devrait être sensibilisé à une forme de sobriété dans la consommation. Quant aux propriétaires de VE, ils devraient adopter des habitudes pour la recharge de leur véhicule qui leur permettent de minimiser le coût de l’énergie et maximiser l’utilisation de PV. Ainsi, plutôt que de charger rapidement son VE une fois par semaine, ce qui veut dire qu’il va puiser dans le réseau national, le conducteur pourrait charger un peu d’énergie tous les jours en utilisant le renouvelable. Ce dernier cas étant en plus moins coûteux pour lui », estime Manuela Sechilariu.
Autre champ de recherche ? « Dans le cadre d’un programme scientifique lancé par l’Agence internationale de l’énergie, nous allons étudier un champ applicatif particulier : l’impact de l’électrification des transports publics routiers. Il s’agit notamment d’étudier l’impact sur le réseau des bus électriques basés sur des batteries et d’évaluer les solutions intégrant des EnR les plus efficaces possible », conclut-elle.