Un grand pragmatisme
Diplômée de l’UTC en génie mécanique (filière Matériaux et innovation technologique) en 1986, Valérie Guénon a passé toute sa carrière chez Safran. Elle est actuellement directrice de la politique environnementale des produits du groupe. Portrait d’une femme guidée par un grand pragmatisme.
Pourquoi le pragmatisme ? ” Parce que j’en ai manqué à un moment. J’étais une bonne élève et j’aurais pu faire un bac C¹ à l’époque, mais j’ai suivi la filière D par intérêt pour les sciences de la nature. Or,ce choix m’a fermé la porte des prépas classiques aux écoles d’ingénieurs “, explique Valérie Guénon.
Le choix de l’UTC ? “Il s’est imposé très vite, car elle forme des ingénieurs avec prépa intégrée, recrute les futurs étudiants sur dossier, y compris ceux titulaires d’un bac D, et propose une branche génie biologique. Une autre particularité m’a séduite : lors de l’entretien, les recruteurs ne s’intéressaient pas qu’aux notes mais aussi à la personne”, ajoute-t-elle.” Je me suis cependant pris une “claque” au premier semestre en loupant les deux UV principales. Mais cela n’a aucunement entamé ma détermination, puisque je n’en ai plus loupé aucune et j’ai même terminé parmi les meilleurs de la promo”, précise-t-elle. À la fin du tronc commun, son pragmatisme reprend ses droits : elle choisit la branche Génie mécanique plutôt que Génie biologique. La raison ? “C’est en apprenant que tous les élèves, à l’époque,trouvaient un travail dans les trois mois suivant leur diplôme, sauf les filles de la branche Génie biologique, que j’ai changé mon fusil d’épaule”, ajoute-t-elle.
Un choix qu’elle ne regrette nullement et qui lui a permis, ce qui était plutôt rare dans les années 1980, de faire deux longs séjours à l’étranger. “En 4e année, j’ai fait un premier stage de six mois aux Pays-Bas. Et en 5e année, toutes mes UV étant validées dès le premier semestre, l’UTC me proposa de faire un master qui, aux États-Unis, se fait en deux ans. Me voilà partie pour deux ans à l’université du Delaware dans le département Génie mécanique et aérospatial, en combinant la dernière année de mes études d’ingénieur avec la première année de master”, souligne Valérie Guénon.
En 1988, de retour des États-Unis où elle a décliné une offre d’emploi chez Dupont de Nemours, et son double diplôme en poche, trois propositions lui sont faites : l’une chez Renault, l’autre au GIAT — rebaptisé en 2006 Nexter -, et enfin la dernière à la Snecma. Elle choisit cette dernière qui, à la suite de la fusion 2005 avec Sagem, est devenu Safran. Spécialisée en matériaux composites, Valérie Guénon y occupe d’abord divers postes techniques. Puis, devenue responsable des programmes de recherche européens pour le groupe, elle participe à la création du programme CleanSky² lancé en 2008, puis devient, en 2009, directrice qualité chez Safran Landing Systems puis directrice des affaires institutionnelles de recherche et technologie du groupe et enfin dirige l’université Safran avant de prendre la direction de la politique environnementale.
Son rôle en tant que directrice de la politique environnementale des produits du premier équipementier aéronautique européen ? “Il s’agit, d’une part, d’assurer la représentation du groupe vis-à-vis des institutions internationales qui établissent des réglementations relatives à l’empreinte environnementale de l’aviation telles que l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI, émanation de l’ONU), mais aussi les institutions européennes et nationales. Et, d’autre part, de coordonner les actions du groupe dans ce domaine, qu’elles soient techniques ou relatives à la communication. Cette dernière étant d’une importance cruciale à une époque où l’empreinte environnementale se trouve sous le feu des projecteurs”, explique Valérie Guénon.
À ce rôle majeur s’en ajoute un second : la définition d’une stratégie environnementale pour la conception des futurs produits. “Nous sommes face à un défi majeur : celui de diminuer l’empreinte environnementale et climatique de l’aviation et d’anticiper le durcissement des futures normes environnementales internationales, d’autant que nos produits sont conçus pour durer des dizaines d’années. Il ne faut donc pas se tromper sur leurs performances en général et celles liées à l’environnement en particulier “, ajoute-telle.
¹ Bac S, spécialisation maths ou physique