Objectif innovation
Diplômé des Arts et Métiers d’Angers et titulaire d’un DEA en acoustique de l’université du Mans, Arnaud Duval est, depuis 2016, directeur Acoustique et Innovation du groupe Trèves. Un groupe qui adhère au projet Global compact des Nations Unies.
Ne souhaitant pas poursuivre en thèse, il choisit de travailler dans l’industrie et plus particulièrement pour le secteur automobile. Le rôle de l’acousticien ? « Notre métier est de réduire le bruit. Soit en agissant directement à la source et, si on n’y arrive pas, en empêchant le transfert du bruit vers la zone des occupants ou les utilisateurs d’une machine bruyante quelle qu’elle soit. Finalement les outils que l’on utilise dans l’automobile sont tout à fait transposables dans le ferroviaire par exemple ou encore l’aéronautique. On n’a pas en revanche les mêmes contraintes concernant entre autres le feu, etc. », explique-t-il.
C’est ainsi qu’après quelques années chez un équipementier automobile, il arrive chez Trèves avec une feuille de route précise. « Une de mes missions était de piloter à la fois les expertises acoustiques et thermomécaniques mais aussi le plan innovation. Il s’agissait de structurer l’innovation en mettant en place des processus, appelés “Technology Readiness Level”, similaires à ceux de l’industrie aéronautique », assure-t-il.
Mais son rôle ne s’arrête pas là. Il contribue au rayonnement extérieur du groupe au travers notamment de conférences internationales et est en charge des collaborations de recherche avec des institutions académiques dont l’UTC. « Nous mettons en place des programmes de recherche financés avec notamment des thèses de doctorat Cifre. Nous avons ainsi deux thèses de doctorat en permanence dont une, actuellement, avec l’UTC et, en ce moment, deux post-doc. Avec les thèses Cifre, on travaille par exemple sur la problématique de l’encapsulage des moteurs dans un objectif de réduction du bruit. En effet, à l’horizon 2024, la norme du bruit extérieur qui est de 70 dBA aujourd’hui va passer à 68 dBA, sachant que l’on a déjà réduit de deux dB sur les trois dernières années. Ce qui est considérable ! » explique-t-il. Une réduction qui se fait de deux manières. « Les industriels nous demandent ainsi de réduire le bruit à la source. Donc en agissant directement au niveau du moteur. Ce qui a un impact sur les bruits générés tant à l’extérieur comme à l’intérieur. Mais aussi de trouver des solutions pour réduire le bruit de roulement puisque la part de ce type de bruit devient, avec le développement des véhicules électriques, de plus en plus prépondérante », ajoute Arnaud Duval.
En effet, tous les constructeurs sont confrontés à la même équation. « Parmi leurs priorités, le confort acoustique intérieur vient en premier comme élément différenciant, mais il s’agit aussi de réduire les bruits extérieurs pour le bien-être des riverains d’autant que les normes “Pass By” se durcissent. Des études sont menées actuellement sur le lien entre ces normes-là et la réalité du bruit dans les villes. Or, Bruitparif qui cartographie la source et les lieux des nuisances sonores en région parisienne pointe du doigt pour l’essentiel les klaxons, les deuxroues, les camions et seulement après les véhicules individuels, particulièrement le bruit de roulement », détaille-t-il.
D’où les enjeux majeurs de l’innovation dans les matériaux utilisés par les différents acteurs travaillant sur la problématique du bruit dont le groupe Trèves. Deux axes sont privilégiés. « Le premier, sur lequel on travaille, concerne le passage des technologies plastiques à des technologies textiles recyclés et recyclables pour les dessous de caisse, les pare-boue etc. afin d’atténuer les bruits de roulement avec un potentiel de 0,7 à 1 dBA. Certes, cela peut paraître une petite brique mais on espère aller plus loin. Le second concerne la problématique du revêtement des routes. Ainsi, Bruitparif travaille beaucoup avec les fabricants de revêtement. Et l’on observe que certains revêtements peuvent générer une réduction du bruit de roulement pouvant atteindre 6 dB, voire 8 dB ! Et si on ne prend que la fourchette basse, sur un périphérique tel le périph’ parisien, c’est gigantesque ! » souligne-t-il.
Parmi les contraintes pesant sur le secteur automobile ? « L’enjeu principal de l’industrie automobile aujourd’hui, c’est la réduction des émissions notamment la réduction de CO2 mais aussi l’impact environnemental global au travers des analyses de cycle de vie. Ce qui, à notre niveau chez Trèves, implique d’augmenter considérablement la part de matériaux recyclés dans nos produits mais aussi d’assurer leur recyclabilité en fin de vie », précise-t-il.
Quels matériaux finalement pour l’automobile de demain ? « À l’horizon 2027, dans le cadre de Global Compact, un programme des Nations Unies auquel adhère Trèves, le groupe s’est donné pour objectif d’atteindre 80 % de matériaux recyclés et 80 % de recyclable. Ce qui est ambitieux mais atteignable d’autant que l’on a déjà un savoir-faire dans l’utilisation de fibres de coton ou de fibres polyester recyclées par exemple. Nous allons également, d’une manière de plus en plus fréquente, vers l’utilisation de fibres naturelles telles que le lin ou le chanvre. D’ores et déjà, la plupart de nos produits contiennent près de 70 % de matières recyclées. Atteindre 80 % est de ce fait un défi majeur », conclut Arnaud Duval.