Matériaux et procédés innovants
Enseignante-chercheuse au département d’ingénierie mécanique à Roberval, Julie Marteau est également responsable de la filière Matériaux et innovations technologiques dont un des objectifs principaux réside dans l’accompagnement au développement de matériaux et procédés innovants.
Une filière qui a également pour objectifs la recherche de solutions techniques aux différents modes de dégradation des matériaux selon les durées de vie visées et la maîtrise du choix des matériaux et procédés en tenant compte des contraintes techniques, économiques et environnementales afin de concevoir des produits innovants.
Julie Marteau mène des recherches autour de deux axes principaux. « Le premier porte sur la caractérisation des relations entre la microstructure et les propriétés mécaniques locales d’un matériau. Autrement dit, différentes techniques de caractérisation expérimentale sont couplées pour investiguer l’impact de l’utilisation d’un procédé spécifique ou encore les effets de sollicitations mécaniques. Il s’agit d’étudier non seulement la surface mais aussi le cœur du matériau. Le second concerne la compréhension d’une fonctionnalité, au sens large, grâce à la caractérisation de la topographie d’un matériau donné », précise-t-elle.
Des recherches visant notamment à comprendre la synergie des phénomènes locaux afin d’aboutir à un produit doté de la fonctionnalité ciblée. Des thématiques de recherche qui intéressent nombre de partenaires académiques et industriels. On compte ainsi parmi les partenaires le Cetim, Railenium mais aussi des entreprises comme ArcelorMittal, Airbus, la RATP ou encore BritishSteel.
Parmi les projets consacrés aux interrelations entre la microstructure et les propriétés mécaniques d’un matériau ? « Par exemple, une thèse, dans le cadre de FuseMetal, un laboratoire commun entre Roberval et ArcelorMittal, sur la description de la microstructure générée par le soudage de tôles afin de comprendre en quoi cela va modifier les matériaux de base et comment ces derniers vont se comporter en matière de propriétés mécaniques après soudure pour voir comment le comportement du matériau évolue après soudure. Dans ce cas précis, il s’agit d’aboutir à un matériau d’une grande exigence mécanique et d’une certaine légèreté afin de réduire le poids des véhicules. On travaille également sur la problématique des sollicitations mécaniques. Nous avons, par exemple, examiné l’évolution de la microstructure de rails prélevés sur des voies ferrées, après de nombreux passages de trains. Cela nous permet de comprendre, puis de prédire les processus d’usure avec toujours, en arrière-plan, l’objectif d’assurer au matériau la plus longue durée de vie possible. Enfin, un projet mené en partenariat avec le Cetim et soutenu par la Région, dans lequel une thèse est en cours, est consacré à l’influence d’un nouveau procédé de fabrication additive de friction/malaxage sur la microstructure. Il s’agit d’imprimer différentes pièces dans un alliage de titane en faisant varier les paramètres du procédé afin de comprendre l’impact de ces variations sur la microstructure générée et faire le lien avec les propriétés mécaniques résultantes. Ce nouveau procédé appartient à la famille de la fabrication additive mais repose sur un dépôt à l’état solide, ce qui permet un dépôt rapide et donc une meilleure rentabilité », explique Julie Marteau.
D’autres projets concernent essentiellement la topographie de surface toujours en faisant un lien avec une fonctionnalité. « Il s’agit dans ce cas de figure d’analyser par exemple l’effet d’un traitement de surface tel un grenaillage ou un certain polissage sur l’état de surface et d’en étudier les conséquences sur une fonctionnalité donnée. Cela peut être une évolution de l’état de dureté du matériau, de sa brillance », assure-t-elle.
Parmi les projets liés à cette problématique précisément ? « Nous avons un projet de tracéologie appliquée à l’archéologie avec le[s membres du] Muséum national d’Histoire naturelle où il s’agit de les accompagner dans l’identification de l’usure de certains outils préhistoriques en silex : comment l’outil en question a pu être ou non utilisé, dans quelles conditions… À eux par la suite de traduire les résultats : utilisations, gestes… pour enrichir notre compréhension de l’époque préhistorique. Nous avons également un projet, mené en partenariat avec le Cetim, qui porte sur la qualification et la quantification des faciès d’usure par grippage », conclut-elle.
Enfin, une thèse sur l’évaluation environnementale de la mise en œuvre et de l’industrialisation des procédés de fabrication additive, codirigée par Julie Marteau, Benoît Eynard et Raoudha Gaha Elkamel a débuté récemment.
MSD