Méthodes et simulations numériques
Enseignante-chercheuse au département d’ingénierie mécanique à Roberval, Delphine Brancherie est également responsable de l’équipe mécanique numérique, une des cinq équipes du laboratoire composée de onze enseignants-chercheurs.
Quels sont les axes de recherche de l’équipe ? « Si on agrège les compétences de tous les chercheurs de l’équipe, nos activités couvrent l’ensemble des éléments de la chaîne de simulation numérique. Nous travaillons, par exemple, sur le dialogue essais-calculs, c’est-à-dire comment en amont de la simulation exploiter au mieux les informations issues de la caractérisation mécanique ou physique pour déterminer les meilleurs modèles et les paramètres associés à utiliser dans les simulations. Une part importante des activités de recherche menées au sein de l’équipe consiste au développement de modèles et de stratégies de résolution numériques dédiées à l’étude du comportement des structures, des matériaux mais aussi des fluides. Nous travaillons également sur des thématiques liées à l’optimisation. L’optimisation de la simulation en tant que telle en la rendant plus frugale grâce à la réduction des temps de calcul, par exemple, mais aussi l’optimisation des performances mécaniques d’un matériau ou d’une structure donnés en tenant éventuellement compte des sources d’incertitudes afin de quantifier la robustesse. Des recherches qui conduisent au développement de méthodes numériques innovantes et perpétuent l’héritage historique de l’équipe mécanique numérique qui a été parmi les premières à déployer la méthode des éléments finis en France », explique-t-elle.
Des recherches à la croisée des mathématiques appliquées et de la mécanique qui ont conduit Delphine Brancherie à s’intéresser particulièrement aux interfaces cohésives pour prédire les phénomènes de rupture des matériaux ou des structures. « Il s’agit de développer des outils numériques, qui permettent de décrire le comportement des matériaux et des structures de leur état sain jusqu’à la rupture. Autrement dit de développer des méthodes numériques qui permettent de reproduire les processus d’endommagement mécanique qui conduisent à la ruine des structures en tenant compte de leur architecture ou microstructure », précise-t-elle.
Mais depuis, Delphine Brancherie a élargi ses recherches aux interfaces dites cohérentes. Concrètement ? « Ces interfaces cohérentes sont le résultat d’une modélisation des phénomènes locaux qui ont lieu aux petites échelles lorsqu’on étudie le comportement des matériaux nano-renforcés. Récemment, nous nous sommes également intéressés aux problématiques impliquant des aspects multiphysiques. Nous avons ainsi travaillé avec Anne-Virginie Salsac du laboratoire BMBI sur les conditions de rupture de micro-capsules dans un écoulement fluide. Nous travaillons également avec Ludovic Cauvin depuis peu sur la modélisation des couplages thermomécaniques dans les matériaux nano-renforcés », souligne-t-elle.
Parmi les projets concrets en cours ? « Actuellement, je travaille sur un projet ANR [Agence nationale de la recherche] intitulé Influe auquel participent le Cerema à Compiègne, l’Institut Pprime à Poitiers mais aussi l’établissement public territorial du Bassin Saône et Doubs en charge de la gestion de l’eau à l’échelle du bassin-versant de la Saône. Il s’agit de développer des outils expérimentaux et numériques pour comprendre l’impact de l’intensification du trafic fluvial sur les infrastructures navigables en tant que telles. Pprime est principalement en charge du volet expérimental, alors que l’UTC et le Cerema se concentrent sur le volet numérique. Nous travaillons sur ce projet avec un collègue du Cerema, numéricien des fluides et qui maîtrise très bien les outils numériques permettant de prédire l’hydrodynamique associée au passage des péniches alors que j’apporte mes compétences en mécanique des solides pour comprendre et donc anticiper l’impact de ces passages sur le matériau poreux des berges. Ce qui va nous intéresser plus particulièrement, c’est l’effet de l’intensification du fret fluvial sur la tenue des berges avec l’idée d’avoir une protection des berges la plus naturelle possible. Il s’agit de pouvoir apporter des réponses à des questions telles que : est-ce qu’en l’état les berges et les infrastructures sont menacées ? Quelles sont les mesures de prévention à mettre en œuvre pour éviter qu’elles soient trop endommagées et enfin quel type de protection naturelle des berges mettre en place et comment qualifier ces protections ? » conclut Delphine Brancherie.
Un projet qui vient de commencer et devrait se concrétiser par le lancement d’une thèse dans les prochains mois.
MSD