Les maths et les enjeux complexes
Professeur des universités, Salim Bouzebda est, depuis 2021, directeur du laboratoire de mathématiques appliquées de Compiègne (LMAC). Il explique en quoi les mathématiques peuvent aider à trouver des solutions aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux.
Plus concrètement ? « Les maths jouent un rôle crucial puisqu’ils permettent de comprendre, modéliser, mesurer et optimiser les systèmes environnementaux, économiques et sociaux complexes. Développer et modéliser des modèles simples à partir de systèmes complexes s’avère un réel défi », explique Salim Bouzebda.
Comment notamment modéliser des systèmes environnementaux qui sont par nature complexes ? « On va faire appel à plusieurs techniques mathématiques, en particulier à des modèles de simulation à même de refléter au mieux la réalité. Ces modèles de simulation, de régression, d’équations différentielles ont un avantage énorme, celui du coût par rapport à une expérimentation réelle », précise-t-il.
Parmi les exemples d’application de ces méthodes ? « Prenons le cas de l’empreinte carbone dont se saisit un grand nombre d’universités. Comment la calculer ? On peut par exemple modéliser les émissions de gaz à effet de serre associés à la production agricole en utilisant des paramètres tels que la consommation en eau, en énergie et enfin la production de déchets. Cela peut être également appliqué aux différents modes de transport. Dans ce cas, on va utiliser des données telles que les distances parcourues, la quantité de carburant consommée et le nombre de passagers transportés. Ce que l’on cherche avec les modèles mathématiques, c’est de permettre, à partir de données globales, une analyse plus fine. Une analyse que l’on peut transmettre à un écologue par exemple afin de trouver une solution optimale à tel ou tel aspect environnemental. Ce sont en somme des outils d’aide à la décision », souligne-t-il.
Mais lorsqu’on parle transition écologique, on parle aussi investissements dans l’économie verte. « L’aspect coût de la transition est important. Les maths, dans ce cas de figure, permettent de définir la solution optimale en matière d’investissements verts. Ainsi, dans les énergies renouvelables les modèles mathématiques, il s’agit de combiner rendement maximal et coût minimal. Il s’agit aussi avec ces modèles de mener une analyse des risques, notamment financiers liés à ces investissements », conclut-il.