Winter is Cooking
Du 29 janvier au 9 février dernier, l’UTC accueillait l’école d’hiver internationale en ingénierie alimentaire et nutrition, enseignée en anglais et dédiée à la formulation innovante des aliments et à la nutrition.
L’école d’hiver, développée dans le cadre de la filière Innovation, Aliments, Agroressources (IAA) du génie biologique de l’UTC, a permis à des étudiants du master Nutrition, Qualité et Santé de la mention Biologie intégrative et physiologie de Sorbonne Université (SU) et à d’autres étudiants issus d’universités partenaires internationales, d’y participer au sein de la plateforme Sciences des aliments du centre d’innovation de l’UTC. L’université de technologie de Compiègne et Sorbonne Université avaient proposé le thème « Food engineering school ». Au programme pour les participantes et participants : les dernières connaissances en nutrition et science de la gastronomie, abordées d’un point de vue théorique, mais aussi et surtout pratique. Une expérience très enrichissante et de nouvelles idées que l’on retrouvera peut-être un jour dans nos assiettes.
Financée par l’Alliance Sorbonne Université (ASU), cette école d’hiver est de nouveau un bel exemple de réalisation innovante menée conjointement entre l’UTC et Sorbonne Université. « Je rappelle que l’UTC fait partie des membres de l’Alliance Sorbonne Université et que nous avons une volonté d’être encore plus intégratifs, de proposer des formats nouveaux et d’allier nos compétences pour offrir quelque chose d’innovant à l’ensemble de nos étudiants et nos partenaires », assure Claire Rossi, directrice de l’UTC, responsable du programme école internationale d’hiver sur l’ingénierie alimentaire et la nutrition. La thématique de l’école résonne pleinement avec le projet SOUND « SOrbonne University for a New Deal » co-construit avec Sorbonne Université et les partenaires de l’Alliance Sorbonne Université. L’approche utilisée dans cette école d’hiver est une combinaison de cours théoriques, d’ateliers et d’apprentissage par projet. Les équipes de participants ont pu développer un produit alimentaire innovant au cours des deux semaines, dans le but de présenter un prototype lors d’une soutenance finale devant un jury composé de membres de Sorbonne Université et de l’UTC. Les équipes étaient encadrées par des enseignantes du génie biologique, expertes dans le domaine de la science alimentaire et de l’innovation alimentaire.
Une combinaison innovante de science alimentaire, de nutrition et de gastronomie française
Les dernières tendances et connaissances en matière de gastronomie et de nutrition ont été abordées de manière théorique et appliquées à l’élaboration de plats français célèbres avec une touche de santé ajoutée. « Cette école d’hiver internationale est un mélange original des sciences alimentaires, des technologies et de la gastronomie française. Le programme consiste à apprendre à améliorer le niveau et le profil nutritionnel des produits alimentaires, en modulant leur composition, leurs textures et leurs modes de cuisson, tout en conservant au maximum la saveur et les nutriments des ingrédients d’origine. L’objectif de la formation est de fournir un aperçu théorique et pratique du développement de produits alimentaires dans une démarche de formulation raisonnée », explique Mirian Kubo, responsable de la filière Innovation Aliments et Agroressources et enseignante-chercheuse à l’UTC.
Des solutions technologiques innovantes ont été présentées et appliquées pour préparer des versions plus saines de spécialités alimentaires connues dans le monde entier. « La partie théorique abordait en premier lieu les processus physico-chimiques impliqués dans l’élaboration des produits alimentaires, les aspects biochimiques, nutritionnels et fonctionnels des ingrédients, les différents agents texturants ainsi que les dernières innovations permettant de proposer des substituts pour les régimes trop riches en matières grasses saturées, en sucres, en aliments à indice glycémique élevé, entre autres… Tous ces concepts ont été mis en application lors d’ateliers organisés l’après-midi », complètet- elle. Ludovic Colpart, chef et propriétaire du restaurant L’Auberge du Pont de Rethondes, est, par exemple, venu animer un atelier sur la tarte meringuée au citron. Les participants ont en effet pu découvrir la gastronomie française à travers la préparation de sauces, de plats et de desserts typiques, tels que les macarons avec une touche de santé supplémentaire… tout en appliquant des approches innovantes en matière de formulation des aliments.
L’avis de Julia Lentin, 25 ans, en master à Sorbonne Université
Julia Lenin se spécialise en nutrition qualité santé en vue de devenir responsable qualité hygiène et sécurité sanitaire dans l’industrie agro-alimentaire. « Je retiens de cette expérience que réaliser un produit n’est pas chose facile. On a beaucoup expérimenté pendant les travaux pratiques sur les texturants, ce qui peut remplacer le sucre, le gras et je me rends compte que cela nécessite beaucoup d’essais, d’échecs et de tests nombreux. On a joué sur les fibres et les protéines. Et utiliser l’un ou l’autre ne donne pas du tout le même résultat. Ce fut assez challengeant. Avec mon groupe, nous avons créé des compotes, des purées à base de légumes sucrés avec pour cible les seniors comme consommateurs principaux. »
Un gâteau croquant, goût chocolat et cacahuète pour Tom Laperche
Des gâteaux ont été développés, pour le skipper Tom Laperche, par cinq étudiants du génie biologique : Amandine Guillou (GB filière IAA), Anais Sanchez (GB), Idriss Ait-Tahar (GB filière MPI), Manon Langelez (GB filière IAA) et Socheata Ouk (GB filière IAA). Ce projet a été réalisé dans le cadre de l’UV BT07 (Formulation, Innovation, Nutrition) et encadré par Claire Rossi et Mirian Kubo. Les gâteaux étaient sources de protéines et riches en fibres. L’objectif du projet était de proposer à Tom Laperche un snack sucré qu’il puisse manger quotidiennement sur son bateau, pour l’Arkea Ultim Challenge, un tour du monde à voile en solitaire sur trimaran géant pendant cinquante jours.
« Ce snack devait également être intéressant d’un point de vue nutritionnel, en prenant en compte le fait que Tom Laperche réalise un effort sportif d’endurance physique et mentale régulier. Tout d’abord, nous avons élaboré un cahier des charges de notre produit à l’aide des demandes de Tom Laperche. Nous avons ensuite réalisé plusieurs prototypes en mélangeant différentes farines protéinées, un sucrant à faible IG, des œufs, des fibres, des oléagineux et du chocolat. Les prototypes ont été envoyés à Tom Laperche pour qu’il puisse les goûter et nous donner un premier avis, explique Anaïs Sanchez étudiante en génie biologique. À la suite de son retour, nous avons optimisé nos biscuits, notamment au niveau de la texture (cuisson/temps et épaisseur). Le produit final obtenu est riche en fibres, source de protéines, contient des bons lipides, et à un goût chocolat/ cacahuète, avec un Nutriscore C. Ils étaient emballés par lot de sept pour réduire au maximum l’emballage plastique, et cet emballage était sous vide, pour préserver au mieux l’ensemble des propriétés organoleptiques de notre produit. »
3 questions à Véronique Béréziat, professeure de physiologie à Sorbonne Université
En quoi consiste cette Winter School ?
C’est une belle et fructueuse coopération entre l’UTC et Sorbonne Université. Ce sont deux semaines de travail acharné qui ont abouti au développement de produits alimentaires innovants et sains. Il s’agit d’une collaboration de longue date avec Claire Rossi pour proposer un enseignement sur le thème alimentation et santé à l’UTC. Au fil des interactions, comme Claire Rossi avait mis en place une université d’été à peu près sous le même format, on s’est dit que c’était très intéressant de pouvoir mettre en place quelque chose. Alors, pendant presque deux ans, nous avons préparé un projet déposé auprès de l’Alliance Sorbonne Université. C’est aussi cela l’objectif d’avoir une Alliance Sorbonne Université. Cela encourage les interactions et l’on profite des équipements des uns et des autres pour former nos étudiants à l’excellence dans tous les domaines. Donc cet enseignement-là fait vraiment partie du contrat pédagogique des apprentis qu’on va suivre chaque année. Nous espérons pérenniser les financements et continuer à proposer ces enseignements avec l’UTC.
Comment le projet est-il né ?
Nous avons un parcours qui s’appelle « Nutrition, qualité santé » au sein d’un master de biologie intégrative et physiologie à Sorbonne Université. Dans ce parcours, les étudiants sont formés en sécurité sanitaire des aliments, en communication nutritionnelle et en innovation nutritionnelle et nous avons souhaité mettre en place une version en apprentissage. Dans le parcours classique, les étudiants choisissent une spécialisation et, dans le parcours en apprentissage, nous voulons les former sur les trois volets. Il nous manquait, dans ce qu’on leur offrait dans la formation, une expertise en formulation nutritionnelle. C’est pour cela que cette école d’hiver autour de la formation et de l’innovation en nutrition a été mise en place. Nous avons eu le financement suffisant pour pouvoir accueillir les étudiants et prendre en charge le logement. Ainsi, ils étaient nourris et logés, en plus de tous les équipements de l’UTC à leur disposition. Ce fut donc cet hiver la première promotion, une petite promo, mais c’était voulu. Le temps de mettre en place les choses et de pouvoir faire suffisamment de publicité pour recruter de plus en plus d’apprentis.
Quelle est la plus-value de cet enseignement ?
Le plus de cet enseignement, c’est qu’on aborde les relations entre alimentation et santé. D’un point de vue théorique. On leur donne aussi des projets d’innovation dans lesquels ils peuvent imaginer soit des aliments de demain, soit des start-ups pour pouvoir créer ces nouveaux produits. Ils ont pu tester avec le matériel de l’UTC et expérimenter leurs idées. Effectivement, nous, ce que nous souhaitons vraiment, c’est les professionnaliser et leur permettre de toucher les aspects d’innovation en nutrition sur des parties théoriques qui sont encore renforcées à l’UTC par rapport à ce que nous leur apportons à Sorbonne Université et surtout toute la partie pratique avec l’équipement technologique qu’il y a à l’UTC. Et ça leur permet aussi de réfléchir sur le côté néfaste de l’ultra transformation et de mettre en place des nouvelles recettes qui pourraient être faites chez soi, mais qui allient l’alimentation et la santé.