Un Living Lab en attente d’une borne V2G
Professeur des universités, Fabrice Locment est chercheur au sein de l’unité de recherche Avenues dont il est depuis janvier le directeur adjoint. Il est également directeur du département de génie urbain. Les recherches sur l’électromobilité ont mené à la mise en place de STELLA qui se transforme depuis juin 2023 en Living Lab.
Concrètement ? « Après la validation des concepts en laboratoire, on est passé à la vitesse supérieure. Aujourd’hui, on est passé à une plate-forme où l’interaction avec l’humain est devenue réalité. Ainsi, les membres du personnel dotés d’un badge pour l’accès aux bornes peuvent, depuis juin 2023, charger leur véhicule. Il y a divers types de bornes : des bornes en courant alternatif et en courant continu à forte puissance. Les utilisateurs peuvent charger leur véhicule électrique (VE) et, en échange, on récupère leurs données. Depuis l’automne 2023, la collecte des données est encore plus facile, puisqu’une interface graphique a été développée par un étudiant en génie informatique avec le protocole OCCP (programmé en Python via une base de données) permettant de gérer le dialogue entre un VE et les bornes de recharge.
Cette interface demande aux utilisateurs un certain nombre d’informations telles que l’état de charge de leur véhicule en arrivant, l’heure à laquelle ils comptent repartir, éventuellement la distance qu’ils vont faire en partant, etc. Ces données sont, par la suite, traitées par un algorithme pour une gestion intelligente du système. Un système qui, en temps réel, va utiliser le véhicule comme un stockeur d’énergie soit en limitant la puissance de charge soit, en cas de pic, en injectant l’énergie du véhicule dans le réseau. On parle alors de V2G (Vehicle to Grid). Les données récoltées sur les charges sont, depuis juin, assez conséquentes et nous permettent d’affiner nos modèles de simulation », explique-t-il. Sauf qu’aujourd’hui, rares sont les véhicules et les bornes équipés de V2G. Seuls deux modèles de Nissan, deux de Mitsubishi, un de Citroën et un de Peugeot et la Renault 5 sont compatibles avec le V2G. Cependant, cette technologie devrait connaître un net essor. Pour preuve ? Les Britanniques travaillent depuis 2018 sur un projet Bus2Grid, c’est-à-dire que ce seront les bus qui, en cas de pic de consommation, pourraient injecter de l’énergie dans le réseau national.
Pour sa part, l’UTC est actuellement en attente d’une borne V2G, une borne bidirectionnelle financée dans le cadre du projet énergie électrique 4.0 (EE4.0) du CPER. « C’est un projet qui vise à développer l’écosystème en favorisant une recherche d’excellence en génie électrique tout en prenant en compte les contraintes environnementales et sociétales. Un projet qui implique plus d’une vingtaine de collectivités et d’industriels, 85 chercheurs et 7 laboratoires au sein des universités des Hauts-de-France dont Lille, l’Université de Picardie Jules Verne ou encore l’université d’Artois. À l’UTC, ce sont deux laboratoires qui sont impliqués dans le projet : Roberval et Avenues », précise Fabrice Locment.
Le rôle d’Avenues dans le projet EE4.0 ? « Il s’agit de développer un Living Lab en y intégrant de nouvelles fonctionnalités et notamment le V2G. Or, actuellement, à ma connaissance, sur le marché, il n’y a que deux ou trois modèles de bornes V2G dont celle d’ABB E‑Mobility (ABB étant un des leaders mondiaux dans les technologies d’électrification et d’automatisation). Nous sommes en attente d’une borne ABB afin d’affiner nos modèles de simulation », conclut-il.