Safran s’attelle au défi du climat
Un secteur qui ne saisit pas les enjeux de demain ne peut pas rester un secteur de pointe, surtout quand il est aussi international. Entretien avec Valérie Guénon, directrice politique environnement produits chez Safran sur la question du changement climatique. Trente-trois ans de carrière dans le même groupe pour cette ingénieure UTC (MIT) avec un Master of applied sciences University of Delaware (États-Unis). Et la protection de l’environnement au cœur de ses missions.
Quelles sont vos missions ?
Je représente ma société auprès d’organisations et d’institutions qui établissent des politiques et réglementations pour l’aviation et l’environnement. L’empreinte environnementale d’un avion, cela couvre l’effet de serre (principalement par les émissions de CO2), la qualité de l’air (émissions polluantes) et le bruit. Je pilote en interne des ingénieurs qui travaillent dans ce domaine. J’ai consacré une partie de ma carrière à faire le lien entre le politique ou le réglementaire, d’une part, et la science et la technique, d’autre part. Je consacre également de plus en plus de temps à la formation et à l’information interne et externe sur ces sujets.
Quelle est la stratégie environnementale que vous menez ?
La décarbonation de l’aviation est une priorité du groupe Safran et de l’aviation en général. C’était une priorité avant le Covid, ça l’est tout autant si ce n’est plus à présent. Nous contribuons aux feuilles de route de l’aviation mondiale et européenne, qui comprennent de nombreux leviers : les avions plus sobres en carburant, l’utilisation de carburants durables, les technologies de l’électrique et l’hydrogène, les mesures opérationnelles et de gestion du trafic aérien, la décarbonation des opérations au sol des aéroports et des constructeurs, etc. En tant que motoriste et équipementier, nous allons y contribuer via de futurs moteurs ultra-efficaces, l’électrification et l’utilisation de l’hydrogène et l’utilisation de carburants durables. Nous y contribuons également en tant qu’équipementier en allégeant et électrifiant les équipements (trains d’atterrissage, sièges et intérieurs d’avions, nacelles, etc.).
Le groupe pour lequel vous œuvrez au quotidien a‑t-il bien saisi les enjeux de demain ?
L’aéronautique est un secteur de pointe depuis toujours, un domaine où on doit être irréprochables. Cela a commencé par la sécurité, puis la performance. Nous avons divisé par cinq les émissions de CO2 par passager et par kilomètre en cinquante ans en réduisant la consommation des avions. Voilà plus de trente ans que le secteur a identifié que l’environnement est une priorité qui s’ajoute aux précédentes et nous travaillons à réduire le bruit, les émissions polluantes et les émissions de CO2. En 2008, le secteur de l’aviation a été un des premiers à prendre des engagements collectifs pour réduire son empreinte carbone en 2050. Safran s’est remarquablement développé au cours des dernières décennies et s’attelle aujourd’hui au défi du climat, malgré la crise sans précédent que nous traversons.
La protection de l’environnement est-elle une de vos préoccupations professionnelles ?
Ils sont au cœur de mon activité professionnelle. J’ai pris ce poste il y a trois ans parce que j’étais convaincue que c’est l’enjeu principal pour mon entreprise et parce qu’il donne du sens à mon travail. La question du changement climatique réunit les questions de science, de politique, d’économie de société et même de philosophie. Ce sujet a besoin d’interdisciplinarité, de coopération et de sens du collectif. Un sacré défi pour l’espèce humaine. C’est passionnant.
Les étudiants UTC doivent se saisir de quelle posture pour réussir dans le secteur industriel de Safran ?
Sachant que Safran consacre 80 % de ses investissements de recherche et technologie à la réduction de l’empreinte environnementale des avions, il y a une forte probabilité que, quand on travaille pour Safran, on contribue à cet objectif. Les compétences recherchées sont très nombreuses. Les matériaux et procédés, l’aérodynamique, la mécanique, l’électricité et l’électronique, l’ingénierie système, etc. Les compétences comportementales sont très importantes. Nous avons besoin d’ingénieurs ouverts, sachant écouter, osant innover, mobilisés pour gagner en équipe, à l’aise dans les relations interpersonnelles et internationales. La variété des profils est une richesse et, je ne le dirai jamais assez, les femmes ne sont pas encore assez nombreuses dans nos métiers. L’UTC cultive adaptabilité et ouverture, notamment au travers des expériences internationales et de l’enseignement qui n’est pas seulement scientifique et technique.