L’AGEC ou l’enjeu de la valorisation des déchets organiques

Enseignant-chercheur au TIMR dans le départe­ment du génie des procédés, Olivi­er Schoefs en est égale­ment le directeur depuis 2022. Il tra­vaille avec Frédéric Huet du départe­ment THS sur le pro­jet Inté­gra­tion des dimen­sions envi­ron­nemen­tales, économiques et sociales (IDEES) afin de dévelop­per un out­il d’aide à la déci­sion pour les col­lec­tiv­ités locales. 

Par­mi ses axes de recherche fig­urent les bio­procédés envi­ron­nemen­taux. Autrement dit l’utilisation des micro-organ­ismes soit dans les proces­sus de décon­t­a­m­i­na­tion des sols ou des eaux, par exem­ple, soit pour trans­former la matière en des pro­duits à haute valeur ajoutée comme les bio­car­bu­rants, les bio­molécules ou les biomatériaux.

Ces com­pé­tences ont con­duit Olivi­er Schoefs, notam­ment depuis le vote de la loi anti­gaspillage pour une économie cir­cu­laire (AGEC) en 2020, à s’intéresser à la val­ori­sa­tion des déchets des col­lec­tiv­ités locales. Une loi qui donne l’obligation aux col­lec­tiv­ités de pro­pos­er aux citoyens des solu­tions afin de val­oris­er les déchets organiques. Des solu­tions qui ne peu­vent être stan­dard­is­ées puisque les ter­ri­toires ne se ressem­blent pas. « C’est là que la recherche peut inter­venir. La solu­tion idéale pour tous n’existe pas. Prenons deux exem­ples extrêmes. Dans le pre­mier, on délègue au citoyen la respon­s­abil­ité de val­oris­er les déchets en lui don­nant des com­pos­teurs indi­vidu­els. Dans le sec­ond, on demande au citoyen de tri­er et on col­lecte, trans­porte et val­orise les déchets dans une unité indus­trielle. Or, aucun de ces scé­nar­ios ne mon­tre des avan­tages probants d’un point de vue envi­ron­nemen­tal, économique et social.

Dans le pre­mier cas, il n’y a pas ain­si de prob­lème de coût ni de trans­port mais un prob­lème d’appropriation par le citoyen dans un pre­mier temps. De plus, il faut que ce soit bien fait. À défaut, c’est un pro­duit non val­oris­able et qui, mal fait, peut génér­er des effets néfastes pour l’environnement et l’humain. Dans le sec­ond cas, il y a certes un coût économique, celui du trans­port, mais la val­ori­sa­tion est opti­male dans les unités indus­trielles en pro­duisant du biogaz ou des com­posts label­lisés, par exem­ple », explique-t-il. Ces deux scé­nar­ios mon­trent que des ten­sions entre les enjeux économiques, envi­ron­nemen­taux et soci­aux peu­vent de ce fait se pro­duire. Des ten­sions face aux­quelles les col­lec­tiv­ités se trou­vent démunies.

D’où l’idée du pro­jet Inté­gra­tion des dimen­sions économiques, envi­ron­nemen­tales et sociales (IDEES) dans une logique d’économie cir­cu­laire lancé début 2023 et cofi­nancé par la Région Hauts-de- France, dans le cadre du dis­posi­tif « économie cir­cu­laire et nou­veau mod­èle de développe­ment », et l’UTC. « Il s’agit de dévelop­per un out­il d’aide à la déci­sion en étu­di­ant les dif­férents scé­nar­ios pos­si­bles afin de pro­pos­er des élé­ments objec­tifs aux décideurs sachant qu’entre les deux scé­nar­ios extrêmes cités, il peut y avoir des scé­nar­ios hybrides. Ain­si, dans les zones rurales par exem­ple, les com­pos­teurs indi­vidu­els sont plus adap­tés et les gens plus enclins à le faire, alors que, dans les zones plus den­si­fiées, le choix de la col­lecte et la val­ori­sa­tion dans les unités indus­trielles s’avérerait plus per­ti­nent. Des unités de val­ori­sa­tion gérées locale­ment dans un esprit d’économie cir­cu­laire », con­clut Olivi­er Schoefs.

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