etrëma : le masque chirurgical zéro déchet made in Canada
Si, pendant longtemps, la notion de développement durable et de recyclage n’avait pas vraiment sa place dans le domaine médical, ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Après le recyclage de l’eau utilisée pour la dialyse, place aux masques lavables utilisables dans les hôpitaux !
Il fait partie de notre quotidien depuis maintenant deux ans. Il nous suit partout, dès que nous sortons de chez nous, à tel point qu’on ne le remarque presque plus. Et pourtant, le masque chirurgical, si banal, est aussi un désastre pour l’environnement. « Environ 50 000 sont jetés chaque seconde dans le monde et se dégradent en disséminant leurs fibres synthétiques dans l’environnement ! » s’alarme Antoine Palangié.
Pour ce diplômé de l’UTC en 1997 en génie des procédés (filière Qualité Sécurité Environnement), qui s’est toujours intéressé au développement durable, l’utilisation de ces masques jetables, que ce soit en milieu médical ou par le grand public, n’est plus concevable aujourd’hui. « Avec la réduction des gaz à effet de serre, la problématique du tout jetable dans le domaine de la santé se pose depuis quelques années, et elle est devenue encore plus criante avec la pandémie. »
Problème, l’alternative à ces masques si polluants n’est pas exempte de défauts : « On a vu une profusion de masques en tissu lavables arriver sur le marché. Le souci, c’est qu’ils ne sont pas assez filtrants sur les particules fines, les plus dangereuses, s’usent vite au lavage, ne sont pas assez respirants et ne protègent donc pas bien leur porteur », concède Antoine. Mais là où certains se résignent, d’autres choisissent de se retrousser les manches. C’est le cas de Michelle Secours, à la tête de l’entreprise textile Frëtt Solutions au Canada. Appelée à l’aide par le gouvernement en mars 2020 pour produire en urgence des masques réutilisables, elle fait appel à Antoine pour être directeur scientifique du projet. Enthousiasmé par la perspective de faire une réelle différence, ce dernier commence alors à chercher des fournisseurs pour tester tous les tissus possibles.
Si leurs premiers choix se portent vers des fibres naturelles, comme le coton ou le chanvre (sujet de la thèse de doctorat d’Antoine), les premiers résultats montrent qu’elles n’ont pas des propriétés suffisantes pour en faire des masques chirurgicaux ou des FFP. Mais l’équipe ne baisse pas les bras. « Nous avons abouti à une combinaison de polypropylène, conçue de façon à protéger les fibres très fines de l’usure au lavage. Cela permet d’empêcher leur relargage dans l’environnement ou leur inhalation par le porteur du masque, deux enjeux majeurs pour la durabilité du filtre et contre la pollution microplastique. Nos produits sont aussi zéro déchet, car les chutes de tissu et les masques usagés sont récupérés et recyclés, par exemple en accessoires de plastique pour un meilleur confort en port prolongé », explique Antoine.
Les masques etrëma peuvent être lavés au moins 100 fois sans perdre leur efficacité. « Nous avons calculé que l’utilisation d’un de nos masques permet d’économiser au minimum 200 masques jetables, soit plus d’un à cinq kilogrammes de plastique selon le type ! » affirme Antoine. Après avoir fait certifier leurs masques selon plusieurs normes, Antoine et Michelle se lancent dans le dépôt d’un brevet pour leur média filtrant, qui pourrait ensuite être utilisé sous licence par d’autres fabricants, en contrepartie de garanties de bonnes pratiques environnementales, sociales et économiques. Les « masques bleus » seront peut-être bientôt du passé dans la rue… Mais aussi dans les hôpitaux !