Électromobilité et batteries innovantes
Professeur des universités, Christophe Forgez mène ses recherches au sein du laboratoire Roberval. Il a dirigé, jusqu’en juillet 2024, la filière mécatronique, actionneurs, robotisation et systèmes. Son activité de recherche concerne les batteries innovantes destinées aux véhicules électriques.
Christophe Forgez a été recruté en tant qu’automaticien au laboratoire d’électromécanique de Compiègne (LEC) qui a fusionné, en 2018, avec Roberval. En quoi consistent ses recherches ? « Un des objectifs de mes recherches est d’établir des lois de diagnostic. Initialement, c’était pour des machines électriques notamment des alternodémarreurs dans le cadre d’un laboratoire commun entre Valéo et le LEC. En un sens, on travaillait déjà sur les prémices des hybridations. Il s’agissait pour moi de surveiller la température du cœur de ces machines pour éviter de les détériorer. Le LEC s’appuyait sur plusieurs compétences : une sur la conception des machines électriques et leurs commandes et une sur l’électronique de puissance. On était en effet spécialisé dans les systèmes électriques à énergie embarquée, notamment dans les chaînes de traction électrique pour les véhicules, mais il nous manquait la composante batteries en tant que source d’énergie. C’est donc tout naturellement que je me suis intéressé à cette thématique », explique-t-il.
Un domaine de recherche qu’il cultive depuis les années 2000. « Depuis le début des années 2000, je développe des modèles que j’ai utilisés, dans un premier temps, sur des fonctions de diagnostic. Autrement dit pour faire en sorte que l’électronique et l’informatique utilisées autour de la batterie puissent contrôler et assurer son bon fonctionnement. Ce sont des algorithmes embarqués dans un BMS (Battery Management System) indispensable pour toutes les batteries lithium-ion et en charge de vérifier que, à aucun moment, il n’y ait de risque de surchauffe et d’explosion. Nous travaillons également sur des sujets tels que le vieillissement afin de pouvoir pronostiquer la durée de vie d’une batterie. C’est une thématique destinée à répondre au business plan d’une entreprise qui voudrait, par exemple, électrifier une chaîne de traction et qui souhaiterait, de ce fait, connaître la taille de son pack de batteries en fonction de l’application ciblée mais aussi de la durée de vie des batteries. Ainsi, en mode d’utilisation classique, les constructeurs viseraient que les batteries et les véhicules aient la même durée de vie », souligne Christophe Forgez. Avec l’essor de l’électromobilité, ces thématiques intéressent un grand nombre d’acteurs tant académiques qu’industriels. « L’UTC fait ainsi partie du consortium Commutes impliquant notamment le CEA, l’IFPEN, le laboratoire bordelais IMS, l’université Gustave-Eiffel à Lyon et l’EIGSI, une école d’ingénieurs à La Rochelle. Le but de ce consortium ? Il s’agit de mettre en commun nos moyens d’essais et de proposer à des partenaires industriels des campagnes d’essais d’un an pour essayer de comprendre comment les batteries se dégradent dans certaines conditions et construire ainsi des bases de données qui pourront être exploitées pour fabriquer des modèles plus robustes. On a par exemple travaillé sur la charge à froid pour voir comment la batterie se comporte en cas de grand froid afin de définir des protocoles de charge. J’ai par ailleurs des partenariats directs et récurrents avec des industriels tels Renault, Safran… Cela permet de financer des thèses pendant trois ans sur une problématique fixée en concertation avec l’entreprise », détaille-t-il.
Place aux batteries innovantes
Jusqu’ici, ces recherches visaient à rendre les batteries plus fiables, plus robustes mais aussi plus durables. « Aujourd’hui, on essaie d’aller plus loin en développant des batteries innovantes. Il s’agit de déterminer différents modes d’utilisation des batteries. Comment par exemple accélérer les charges ? Actuellement, une charge en 5 minutes n’est pas possible mais on travaille dans cette direction. L’idée est de valider nos modèles pour qu’ils soient suffisamment fiables. Expérimentalement, on sait actuellement charger un élément de batterie en 10 minutes par 0 °C et sans la dégrader. Cette loi de contrôle peut être transposable à l’échelle véhicule pour surveiller le bon déroulement des charges rapides d’environ 20 ou 30 minutes, et surveiller qu’à aucun moment cette charge rapide n’entraîne de dégradations prématurées », conclut Christophe Forgez.
MSD