Chaire Jean Monnet
Enseignant-chercheur à l’UTC au laboratoire Transformations intégrées de la matière renouvelable (TIMR) spécialisé dans la maîtrise de systèmes de particules, Martin Morgeneyer est lauréat d’une chaire Jean Monnet de l’Union européenne.
La chaire « Empowering Europe, Environment, Engineering » se focalise sur la transition écologique ainsi que sur les rôles respectifs de l’ingénierie et de l’Union européenne (UE) pour y parvenir. Une chaire qui inscrit l’UTC dans un réseau international d’excellence, grâce à la commission de l’UE. Un réseau qui va servir de catalyseur au lancement d’actions d’enseignement et de recherche au sein de l’université afin de répondre aux défis auxquels l’humanité est confrontée.
Au nombre de ces défis ? « En quelques années et décennies, l’humanité a détruit deux tiers des insectes, des vertébrés et une grande partie des ressources. Nous savons tous que nous vivons désormais à crédit, un crédit qui devient plus dangereux, de jour en jour », alerte le nouveau « Jean Monnet professor » Morgeneyer.
Comment induire un changement positif de la situation ? « Il y a d’une part les “collapsologues” qui étudient notre trajectoire actuelle, nous menant droit dans le mur. D’autre part, il y a nos sciences de l’ingénieur qui peuvent aider à inverser la tendance : intégrer le raisonnement écologique dans nos approches, renforcer les connaissances des citoyens et assister les décideurs. Le résultat sera un ensemble de constructions vers de la responsabilisation, de la maîtrise et de la sobriété. Y contribuer est l’objectif de ma chaire Jean Monnet », dit-il. Martin Morgeneyer se classe résolument parmi ceux qui croient à l’effet correcteur de la connaissance technologique scientifique.
Pour illustrer son propos sur la capacité de l’humain à relever les défis, il file les métaphores de la sécurité routière ou de la création de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale. « Dans les années 1970, les accidents de la route faisaient près de 16 000 victimes par an en France, alors même que le trafic routier était bien moindre qu’aujourd’hui. En 50 ans, on a réduit par cinq le nombre de victimes en raison notamment de progrès technologiques chez les constructeurs et l’introduction d’innovations tels la ceinture de sécurité, les airbags, les contrôles divers… Il y a également les évolutions réglementaires notamment en matière de limitation de vitesse qui ont joué un rôle. En un mot : c’est l’implication de tous les acteurs concernés – ingénieurs, citoyens, décideurs – qui a rendu possible ce changement positif. Autre exemple : la fondation de l’Europe. Alors que les Européens se sont faits la guerre pendant des siècles, encore en pleine Seconde Guerre mondiale, des visionnaires français ont commencé à dessiner une nouvelle Europe qui nous a permis de tisser des liens politiques, économiques, sociaux et culturels rendant quasi impossible l’avènement d’un nouveau conflit. Sous la houlette de Jean Monnet et Robert Schuman, les Européens ont montré qu’ils étaient capables de prendre un virage vertueux », explique Martin Morgeneyer.
C’est en 2019 que l’Europe a lancé le pacte vert, un ensemble de mesures visant à engager l’UE sur la voie de la transition écologique. Un pacte qui exige, de ce fait, une approche globale et transversale.
Quels sont les principaux sujets abordés par le pacte vert ? « L’Europe est engagée dans un processus législatif qui comprend, entre autres, des initiatives sur le climat, l’environnement, l’énergie, les transports, l’industrie, l’alimentation, l’agriculture, la biodiversité ou encore la finance durable. En ce sens, le pacte vert constitue une immense opportunité pour nous, université et école d’ingénieurs pour préparer les étudiants à ces défis, mais aussi pour contribuer aux solutions futures ou déjà en gestation », affirme-t-il.
Le profil idéal de l’ingénieur face aux défis soulevés par le pacte vert ? « Nous aurons besoin d’ingénieurs capables de comprendre, côté sociétal, les réticences de certains à modifier leur comportement et, côté technologique, de chercher et mettre en oeuvre des solutions innovantes et scientifiquement pertinentes, tout en s’inscrivant dans une réflexion historique et anthropologique », souligne-t-il.
La chaire Jean Monnet vise, en ce sens, à fournir des éléments d’ensemble facilitant une transition environnementale efficace. « L’UTC s’est historiquement engagée dans les thématiques liées à la durabilité, la soutenabilité et l’Union européenne. Nous avons donc construit cette chaire sur ces enseignements existants. On conduit également des projets de recherche (CALIPER, D‑Brake, miplexmo…) avec des partenaires européens portant sur les problématiques abordées par le pacte vert », conclut Martin Morgeneyer.
Une chaire qui contribue également au rayonnement international de l’UTC et atteste du niveau académique des enseignements de l’université non seulement en connaissances scientifiques et technologiques mais aussi en sciences de l’Homme.