Ces thèses qui changent la vie : Développement d’un modèle analytique pour le calcul de la matrice de diffusion d’un tronçon composé de tubes Herschel-Quincke
Les riverains des aéroports lui diront un jour merci. Pendant trois ans, Benjamin Poirier s’est penché sur la délicate question de la réduction du bruit des avions.
« En 2005, diplômé de l’UTC en génie mécanique, après des études démarrées dans une école de pilote de l’armée de l’air, j’ai choisi un master Recherche en acoustique au sein du laboratoire Roberval ». Ce master a débouché sur une thèse soutenue en 2008. Le sujet ? L’utilisation des tubes Herschel Quincke pour le contrôle du bruit de la soufflante. Derrière ce terme imagé se cache le ventilateur qui aspire l’air vers le réacteur. La soufflante, ou fan, constituée de pâles peut générer un bruit dépassant les 100 décibels.
« Nous avons usiné les tubes et les avons testés dans des chambres anechoïques ou chambres sourdes pour connaitre leur propriété de réduction de bruits sans nous soucier pour l’instant des problématiques de poids ou d’encombrements », explique Benjamin Poirier. L’onde acoustique va donc se propager dans les tubes et entrer en interférence destructive avec le bruit de la soufflante ». En terme d’acoustique, le gain est réel : entre 3 et 8 décibels. En terme de bruit ressenti ou indice psycho acoustique, les tubes font baisser le bruit de moitié.
« Cela ne signifie pas que le bruit global baisse de moitié », avertit Benjamin Poirier. Car le bruit est la somme de facteurs nombreux et complexes qui dépendent de la distance avec l’avion, de la température, du vent. Mais de fait, d’un point de vue technique, les tubes Herschel Quincke ont un impact sur certaines fréquences. Autre avantage notable, le procédé étudié permet aussi de diminuer la quantité de gaz émis.
L a découverte d’Herschel et Quincke n’est pas nouvelle puisqu’elle date du 18ème siècle. Il s’agit de dérouter le bruit et de le faire circuler dans un autre canal qui va le faire interférer avec une fréquence et donc l’annuler « Ce principe a été appliqué dans les pots d’échappement des voitures, dans les conduits de ventilation. L’innovation consistait à l’appliquer à l’aéronautique. » Une thèse a suivi celle de Benjamin Poirier sur l’impact mécanique de l’intégration de ces tubes dans un réacteur. La route est encore longue avant la mise en pratique sur un avion bien réel. « Nous n’en sommes qu’à l’avant projet» Pour faire maturer une telle technologie il faut au moins une dizaine d’années », conclut-il.