Tuli, la cup menstruelle inspirée des origamis et des tulipes
Étudiantes à l’UTC, Auxane Caseiro et Charlyne Kerjean ont gagné le prix national du James Dyson Award 2020 pour la conception de Tuli, une cup menstruelle en forme de tulipe. Leur objectif ? Démocratiser l’accès à ces protections hygiéniques. Zoom sur ce projet 100 % féminin et 100 % innovant.
À l’origine de Tuli ? Un constat amer des deux étudiantes : « Il n’y a pas, aujourd’hui, de protection hygiénique adaptée pour les femmes », explique Auxane Caseiro. Trop chères, mal adaptées à l’anatomie, parfois dangereuses pour la santé, et surtout polluantes ; le constat est sombre pour les deux étudiantes de design industriel. Alors elles décident de mener leurs recherches sur le sujet. « Nous avons découvert que ce sont les cup menstruelles qui sont les dispositifs les plus adaptés pour les femmes, poursuit Charlyne Kerjean. Mais en étudiant de plus près ce dispositif et en effectuant un sondage auprès de 1 344 femmes, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des problèmes au niveau du pliage et de l’utilisation. » En cause ? L’appel d’air qui se crée au moment du retrait du dispositif.
Alors, en février 2020, les deux jeunes femmes décident de se pencher sur cet objet du quotidien pour tenter d’y apporter des solutions. De longues soirées de recherches, d’analyses et de tests pour construire un prototype différent des cups existantes sur le marché. En choisissant de donner à leur dispositif une forme de tulipe, elles ont mis en place un système plus facile à retirer et donc plus pratique pour ses utilisatrices.
En juillet dernier, elles décident de déposer leur candidature au James Dyson Award, un concours d’innovation et de design. « Avec l’aide d’Anne Meuleau et d’Emmanuel Corbasson, enseignantschercheurs à l’UTC, et de Nicolas Piton, responsable plateforme de prototypage au centre d’innovaton de l’UTC et grâce aux longues heures en FaceTime que nous avons passées, confinement oblige, nous avons mis en place ce nouveau dispositif pour les femmes. D’abord sous la forme d’un origami, puis sous la forme d’un véritable prototype. »
Et leur innovation plaît. En septembre dernier, les deux inventrices remportent le prix national du concours devant des dizaines d’autres participants. « Trois raisons expliquent le succès de nos deux étudiantes à ce concours, détaille Emmanuel Corbasson, directeur de la filière design de l’UTC à l’époque. D’abord, elles ont construit un produit très pertinent pour répondre à un besoin rencontré par des millions de femmes partout dans le monde. Ensuite, parce que c’est un sujet peu traité par les ingénieurs, qui reste malgré tout assez tabou. Enfin parce que c’est une problématique écologique à laquelle Dyson a été sensible. »
Quel avenir pour les cups Tuli ? Avant toute chose, les deux étudiantes souhaitent affiner leur prototype et l’imprimer en silicone médical pour un test en conditions réelles. « Il risque d’y avoir pas mal de modifications par rapport à nos prototypes habituels, anticipe Auxane, mais ça sera la preuve que notre idée est bonne. »
Et qui sait, demain peut-être pourront-elles créer leur entreprise ? « Pourquoi pas, mais pour l’instant, notre but est d’avoir un produit qui fonctionne bien », conclut Charlyne Kerjean.