Dialyse verte

Plus de 50 000 per­son­nes souf­frant d’insuffisance rénale en France néces­si­tent un traite­ment par hémodial­yse ou rein arti­fi­ciel. Néphro­logue, Haf­sah Hachad en est venue à ques­tion­ner l’impact envi­ron­nemen­tal de cer­taines tech­niques, notam­ment celle de la dial­yse tant en matière de bilan car­bone que de con­som­ma­tion d’eau.

Des prob­lé­ma­tiques qu’elle a souhaité appro­fondir en enta­mant une thèse à l’UTC à l’automne 2022 financée par l’Institut de la tran­si­tion envi­ron­nemen­tale dépen­dant de Sor­bonne Uni­ver­sité. Mais avant cela et pen­dant un an, aidée notam­ment de Cécile Legal­lais, direc­trice du lab­o­ra­toire Bio­mé­canique et bio­ingénierie (BMBI) de l’UTC et de Maryvonne Hour­mant du groupe de tra­vail de néphrolo­gie verte de la SFNDT, il lui a fal­lu établir l’état de l’art en la matière afin de pro­pos­er « un pro­jet orig­i­nal, per­ti­nent et cohérent mais aus­si en faire la preuve de con­cept », dit-elle. « Il s’agissait de mon­tr­er que ce pro­jet a du sens et que cela intéresse les néphro­logues mais aus­si les cen­tres de dial­yse », ajoute-t-elle. Un appui sur le ter­rain qui s’avère indis­pens­able pour un tel projet. 

Con­cer­nant l’empreinte car­bone, ses études de ter­rain, dans trois cen­tres de dial­yse, se sont avérées en phase avec la lit­téra­ture exis­tante. « L’empreinte car­bone est de 9 tonnes (tCO2) par an pour un patient en hémodial­yse en cen­tre lourd. En com­para­i­son, l’empreinte car­bone moyenne annuelle d’un Français est éval­uée à 9 tCO2. Ce sont donc 18 tCO2 par dialysé et par an. Or si l’on veut respecter l’Accord de Paris et lim­iter la hausse de la tem­péra­ture en dessous de 2 degrés d’ici la fin du siè­cle, nous devons réduire nos émis­sions de gaz à effet de serre, et notam­ment pass­er à 2 tonnes équiv­a­lent CO2 par an et par habi­tant d’ici 2050 », souligne-t-elle. 

Par ailleurs, dans un monde où la rareté de l’eau va exiger une ges­tion rigoureuse de la ressource, l’enjeu que con­stitue la con­som­ma­tion en eau de l’hémodialyse est cru­cial. « Il faut savoir que, lors de chaque séance, on utilise près de 400 litres d’eau pour pro­duire le liq­uide de dial­yse. Au final, chaque patient, à rai­son de trois séances par semaine, con­somme 75 m³ par an. Or, le pré-traite­ment de l’eau de ville dans une boucle d’osmose inverse engen­dre un rejet impor­tant (jusqu’à 250 L par séance) qui est aujourd’hui gaspillé. Dans une démarche de préser­va­tion des ressources, cette eau de qual­ité rel­a­tive­ment con­stante, et qui n’a jamais été en con­tact avec le patient, pour­rait être recy­clée à des fins mul­ti­ples », explique-t-elle. 

Avec cette thèse, Haf­sah Hachad espère trou­ver des solu­tions afin de réduire l’empreinte car­bone de la dial­yse et val­oris­er, pour d’autres usages, le concentrat.

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Novembre 2024 - N°64

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