Des modèles patient-spécifique couplé avec l’IA pour la réhabilitation faciale

Professeure des universités, Marie-Christine Ho Ba Tho coordonne, pour l’UTC, l’Équipex FIGURES piloté par le professeur Devauchelle du CHU d’Amiens, qui a réalisé la 1re greffe mondiale du visage en 2005.
Pionniers des modèles patient-spécifique, l’équipe de Marie-Christine Ho Ba Tho vise à créer les conditions d’une réhabilitation faciale optimale à la suite d’une greffe ou d’une paralysie faciale avec Stéphanie Dakpé, chirurgienne en maxillo-faciale. « Le constat fait par l’équipe clinique est le manque de compréhension de la mimique faciale. On saisit mal le rôle des muscles du visage, près d’une vingtaine, sollicités selon les mouvements effectués », assure-t-elle. Comment les aider à résoudre cette problématique ? « Fort de nos expertises, nous avons modélisé le visage par la méthode des éléments finis utilisant des données géométriques et physiques du sujet pour simuler la mimique faciale. Il nous restait à définir les mouvements du visage pour la rééducation du visage », précise Marie-Christine Ho Ba Tho.
Pour esquisser une solution, elle a notamment fait le choix – une première mondiale – de coupler la modélisation par éléments finis du visage et l’apprentissage renforcé. « La première nous a permis de reconstruire virtuellement le visage et de faire des simulations du fonctionnement des muscles et leur rôle dans le cas du sourire, par exemple, ou encore des prononciations tels le “O” ou le “Pou” utilisés pour la rééducation du visage. La seconde est celle de l’apprentissage renforcé. Il s’agit d’apprendre à un agent à prendre des décisions séquentielles tout en interagissant avec un environnement. L’agent sera le visage du patient et l’environnement le modèle élément fini. À la suite d’une greffe du visage ou d’une paralysie faciale, il s’agira de simuler les muscles à activer pour aboutir au résultat souhaité comme retrouver le sourire ou un visage symétrique, dans le cas d’une paralysie faciale », dit-elle.
La troisième étape enfin consiste à développer des outils complémentaires permettant d’affiner le modèle en superposant la texture du visage du patient à l’aide de caméras. Une start-up est en cours de création dans ce but avec le professeur Dao. « Nous avons ainsi développé un outil qui utilise un modèle patient-spécifique couplé avec l’IA permettant de nous proposer des actions musculaires menant au résultat souhaité. Nous l’avons testé sur le cas d’un visage asymétrique et validé en comparant ses préconisations musculaires pour effectuer tel ou tel mouvement avec celles du modèle éléments finis. Avec cet outil numérique, nous avons réalisé en somme une preuve de concept », conclut Marie- Christine Ho Ba Tho.
MSD