Une volonté à toute épreuve
Diplômée de l’UTC en génie informatique (spécialité production automatisée) en 1987, Isabelle Py, après un bref passage par SESA (ancêtre de Capgemini), est, depuis 1991, pilote chez Air France. Portrait d’une femme aux idées claires, d’une femme de passions et d’une volonté à toute épreuve.
Les idées claires ? Elle en fait la démonstration dès l’âge de 10 ans. “Je savais que je voulais piloter un avion, monter à cheval et faire de la plongée sous-marine. J’ai réussi à faire les trois”, affirme-telle. Le goût de l’aéronautique ? Elle le tient des femmes. En l’occurrence son arrière-grand-mère et sa mère. La première était employée à l’UAT (Union aéromaritime de transport), la seconde à la TAI (Transports aériens intercontinentaux). Deux compagnies qui fusionnèrent en1963 pour donner naissance à l’UTA (Union de transports aériens). “Certes, il n’y avait pas de pilote dans la famille. Mais j’ai très tôt voyagé, j’adorais prendre l’avion et j’ai souvent voyagé dans le cockpit lorsqu’il n’y avait pas de place en cabine. Tout me semblait magnifique : les conversations à la radio en anglais, que je ne comprenais pas, les petites lumières du cockpit…”, souligne Isabelle.
Les idées claires encore ? Elle le montre lors de sa candidature à l’UTC. “J’étais étudiante en DUT. À l’époque, on ne pouvait poursuivre en école d’ingénieurs qu’en figurant dans les dix premiers. Ce que je fis”,explique-t-elle. Elle le montre également dans e choix de la filière. Acceptée, en 1984, à l’UTC, “une école ouverte offrant la possibilité d’un parcours sur mesure, où l’on apprend à être autonome, à travailler en équipe”, Isabelle choisit le génie informatique, spécialité production automatisée.” Je voulais faire un métier technique et surtout pas un métier connoté “féminin”, précise-t-elle. L’UTC qui lui permit, après une chute de cheval, d’échanger les cours d’équitation contre des cours de vol à voile et là ça a été le “coup de foudre”. Au premier décollage sur le terrain de Margny-lès-Compiègne, j’ai décidé que c’était cela que je voulais faire”, assure-t-elle. À partir de ce jour, l’on peut dire qu’une passion est née. Passion qu’elle allait nourrir par tous les moyens. Les cours d’aviation légère sont trop chers ? Isabelle s’arrange pour trouver un premier stage long chez Dassault Aviation (bureau d’études de Saint-Cloud) qui lui permet de passer son Brevet de Base. Mais elle ne s’arrête pas là. En ligne de mire ? Le brevet de pilote privé (pilote d’aéro-club). Là encore, son objectif est atteint grâce à un second stage long chez Dassault Aviation, au sein d’un autre service. Après50 heures de vol et le brevet de pilote en poche, elle part,avec des amis, dans un “coucou” à 4 places pour une traversée de la Méditerranée.
Une passion qui allait se conjuguer avec une volonté à toute épreuve.
Diplômée en 1987, elle rejoint SESA et se rend vite compte que le monde de l’informatique n’est pas pour elle. “Je consacrais tout mon temps libre et mon salaire à voler”, dit-elle. Pour aller au bout de son rêve,elle décide de présenter le concours de l’ENAC (École nationale de l’aviation civile), spécialité pilote de ligne. Tout en continuant à travailler, elle passe, avec succès et en douze mois, les certificats théoriques de pilote de ligne, puis débute en 1989 sa formation pratique au SFACT de Montpellier. Quatre jours après sa démission de chez CAP-SESA, début 1991, Isabelle Py rejoint Air France. Une entreprise où les anciens de l’UTC sont nombreux. Au point qu’a germé “l’idée de créer un club des anciens de l’UTC à Air France”, plaisante-t-elle. Recrutée d’abord comme officier pilote de ligne, puis nommée en 2007 commandant de bord sur long-courriers, Isabelle Py n’en finit pas, depuis, de sillonner les cieux.
Un voeu pour l’avenir ? “Je souhaite que les jeunes filles cessent de s’autocensurer et vivent leurs rêves : avec la volonté, tout est possible”, exhorte-t-elle.
Bio express
- 1984 : entrée à l’UTC
- 1987 : diplômée de l’UTC
- 1989 : entrée à l’ENAC
- 1991 : entrée à Air France
- 2007 : passage commandant de bord long-courriers Air France