Intelligence artificielle et ingénierie des connaissances
Professeure des universités à l’UTC, Marie-Hélène Abel est, depuis 2020, directrice du département de génie informatique. Spécialisée en intelligence artificielle (IA), et plus précisément, en ingénierie des connaissances, elle a donné, le 1er septembre, une leçon inaugurale.
C’est après une thèse de doctorat en IA, plus précisément sur les systèmes experts explicatifs, soutenue en 1994 à l’UTC, qu’elle rejoint, en tant que maître de conférences, l’université de Picardie Jules-Verne puis, en 2000, l’UTC.
Qu’entend-on concrètement par système expert explicatif ? « C’est un système auquel on fournit un certain nombre d’informations, liées à un problème donné, à partir desquelles il va mettre en oeuvre un raisonnement et proposer différentes solutions. Il sera également capable d’expliquer sa démarche de résolution du problème afin que l’utilisateur puisse accepter ou pas la solution proposée », explique-t-elle.
Ses domaines de recherche ? « Je m’intéresse à l’IA et, plus précisément, à l’ingénierie des connaissances, c’est-à-dire au travail d’outillage de la connaissance. La connaissance étant propre à l’individu, cela peut paraître étonnant de travailler sur ce thème à travers des machines. Or, dans le domaine de l’IA, l’objectif est de faire en sorte que les humains et les machines puissent communiquer et que les humains aient un sentiment de compréhension mutuelle. La machine donne une réponse considérée comme pertinente par l’humain qui a posé la requête. Autrement dit, il s’agit d’utiliser un langage qu’elle soit capable de lire et d’interpréter de la même façon qu’un humain peut le faire », souligne-t-elle.
Des domaines qui font appel à des algorithmes de plus en plus sophistiqués. « Un algorithme est une suite d’instructions qui doivent être lisibles et interprétées par la machine afin qu’elle sache ce qu’elle doit faire comme action. Prenons le code de la route par exemple. C’est une somme d’informations à partir de laquelle nous tirons tous la même connaissance. Un panneau stop est ainsi interprété par tous comme exigeant un arrêt. Dans le cas des algorithmes, on peut parler de manipulations symboliques effectuées par la machine. Manipulations qui font sens pour l’utilisateur », ajoute-t-elle.
Le message aux étudiants ? « Qu’il ne faut pas avoir peur de l’IA car on a souvent peur de ce que l’on ne connaît pas. Il faut se saisir des outils de l’IA, tirer profit de tous ses potentiels tout en admettant ses limites et ses risques. Il faut donc être vigilant et s’imposer un cadre éthique », conclut Marie-Hélène Abel.