Dossier
44 : Industrie du futur : l’UTC aux côtés des entreprises
La transformation numérique de l’industrie constitue un défi sociétal majeur. Pour l’UTC, qui accompagne un nombre croissant d’entreprises dans cette mutation, il s’agit d’un champ d’investigation de plus en plus stratégique. Zoom sur ses principaux axes de travail et les spécificités de son approche de l’industrie du futur.
Au sommaire de ce dossier
- Industrie du futur : l’UTC aux côtés des entreprises
- Ne pas confondre substitution et suppléance
- La continuité numérique, clé de voûte de l’industrie du futur
- Un LabCom sur la continuité numérique
- Usiner la bonne pièce du premier coup
- Le data analytics au service de l’excellence industrielle
- Plastic Omnium : du simple reporting à la prévision des dérives
- Cap sur une maintenance toujours plus prédictive
- Saint-Gobain : une maintenance optimisée, des procédés plus robustes
- Fabrication additive : tout un savoir à réinventer
- Alfi Technologies : « Plus de valeur ajoutée pour nos clients »
Ne pas confondre substitution et suppléance
Questions à Charles Lenay, chercheur à Costech (Connaissance organisation et systèmes techniques), le laboratoire de recherche technologique en sciences humaines et sociales de l’UTC.

Comment voyez-vous l’industrie du futur et la place qu’y occuperont les hommes ?
L’erreur serait de confondre substitution et suppléance. Lorsqu’on introduit de nouveaux outils numériques, des robots, on imagine souvent qu’ils se substitueront à l’humain. La réalité – avérée dans toute l’histoire des techniques – est qu’un outil ne remplace jamais rien : il ajoute et transforme le champ des possibles. Les machines qu’on pense « intelligentes » ne nous remplacent pas. En revanche, elles modifient notre façon de percevoir, de raisonner, de nous organiser, d’interagir les uns avec les autres…
Ensuite, on décrit souvent l’industrie du futur comme modulable, agile, résiliente face aux évolutions de son environnement, à l’instar du vivant. Personnellement, je crois qu’il faut moins la penser comme un organisme isolé qui s’adapterait à son milieu que comme un mycélium : ce réseau de filaments qui courent sous terre pour donner çà et là naissance à des champignons. Notre façon d’être humain est de fonctionner en réseau. Or les techniques numériques vont permettre à l’industrie de s’organiser de façon plus distribuée dans l’espace. Les grandes usines, lieux de concentration de compétences et d’opérations, pourraient céder la place à des réseaux de sites. Mais, là encore, il serait absurde de penser ces usines distribuées sans hommes, car ce sont eux qui resteront porteurs du sens de l’activité et feront fonctionner le réseau.
Que peut apporter Costech aux industriels dans leur réflexion sur ces sujets ?
Costech étudie comment les techniques, et en particulier le numérique, modifient les activités humaines et l’expérience vécue par les individus. Nous pouvons donc aider les industriels à monter en abstraction pour comprendre ce qui se joue à travers la transformation numérique de leur entreprise et repenser le rôle de leurs collaborateurs face à des automates qui ne vont pas les remplacer, mais transformeront leurs activités.