Passionnée de nanotechnologies et de philosophie, Virginie Simon, jeune ingénieur-docteur, vient de créer sa société : MyScienceWork. Portrait…
Son parcours illustre à lui seul le rapprochement opéré fin 2010 entre l’UTC et l’Université Pierre et Marie Curie (UMPC) dans la constitution du premier pôle technologique de France au sein du PRES Sorbonne Universités. Diplômée ingénieure de l’UTC en génie biologique, Virginie Simon a en effet, bien avant ce rapprochement, réalisé un master II à l’UPMC en parallèle de sa dernière année de cursus d’ingénieur. « La valeur ajoutée de ce partenariat se joue aujourd’hui sur plusieurs tableaux : la formation, la recherche, la valorisation et le transfert de technologies, précise-t-elle. La création d’un double cursus pourrait également être une formidable opportunité pour les étudiants des deux institutions d’optimiser leur formation en fonction de leur projet professionnel ».
Son projet professionnel, Virginie le dessine quant à elle très tôt à l’UTC, qu’elle intègre en 2003 pour « son cursus à la carte et sa spécialisation en biotechnologies ». Un premier stage de six mois en cancérologie au sein des laboratoires Servier lui fait découvrir ses premières manips de recherche. « Ce premier stage a conforté mon goût pour la recherche, même si l’idée de devenir ultra spécialisée dans un mécanisme biologique m’ennuyait ». Dès la deuxième année de son cursus d’ingénieur, Virginie décide donc de suivre des cours de philosophie par correspondance. « Ayant passé à l’UTC toutes les UV de philosophie, j’ai facilement pu valider une équivalence et intégrer la deuxième année de licence à la faculté de Nanterre. L’idée était alors peut-être pour moi d’aborder différemment la génétique ou les biotechnologies, disciplines dans lesquelles la science côtoie de manière très étroite la philosophique et l’éthique ».
Passionnée par les biotechnologies, Virginie se tourne rapidement vers les nanotechnologies. Après l’obtention d’un master II en génétique à l’UPMC, l’occasion se présente alors à elle d’embrayer sur une thèse CIFRE au sein de Nanobiotix, start-up spécialisée dans la nanomédecine appliquée à la thérapie du cancer, où la jeune ingénieure réalise aussi son projet de fin d’étude. « Dans le domaine de la recherche, le doctorat reste la référence, tant en France qu’à l’étranger, précise Virginie. Or, je souhaitais également intégrer le monde de l’entreprise. J’ai donc naturellement opté pour une thèse CIFRE ». En partenariat avec l’équipe Instabilité des microsatellites et cancers (Inserm/UPMC) et sous l’égide de l’école doctorale de l’UMPC, Virginie étudie alors les interactions entre différents types de nanoparticules et les cellules tumorales. En moins de trois ans, l’ingénieur UTC voit l’effectif de la start-up passer de 5 à 25 personnes, assiste à des levées de fonds, des recrutements, des déménagements… « En plus de l’intérêt scientifique de mon sujet de thèse, cette expérience professionnelle m’a réellement conforté dans le fait de créer ma propre structure, explique-t-elle. Je me disais que si j’avais pu mener à bien mon doctorat, je devais être capable de relever bien d’autres challenges ». Sa thèse à peine soutenue, Virginie franchit alors sans hésiter le pas et endosse la casquette d’entrepreneuse en montant MyScienceWork. Sa connaissance du milieu de la recherche et des bases de données utilisées par les chercheurs, lui permet en effet d’imaginer une bibliothèque numérique en « open access » associée à un réseau social scientifique. « MySciencework est la plateforme que j’aurais tant souhaitée avoir à disposition pendant ma thèse : un espace de travail performant multilingue offrant une valorisation des bases de données scientifiques en archives libres et permettant aux chercheurs de disciplines différentes d’apprendre à se connaître en communiquant leurs travaux de recherche via leur propre réseau social ». Une trentaine de disciplines devraient donc bientôt cohabiter sur le site de MySciencework, dont la mise en ligne est prévue pour juin 2011. Objectif : devenir le premier réseau social professionnel scientifique en Europe.
Fondatrice et Présidente de MySciencework, tout récemment élu meilleur espoir de création d’entreprise de l’année « Prix de l’entrepreneuse », Virginie s’engage également en faveur de la promotion des sciences auprès des femmes, en participant à de nombreux évènements pour inciter les jeunes femmes à s’orienter vers les carrières scientifiques. Lauréate des prix Excellencia en 2008 (trophée de la femme ingénieur high-tech) et Sensationnelles 2010, concours organisé par TV5 Monde, Virginie juge, à l’instar du monde de la recherche, l’entrepreneuriat « encore trop masculin ». Pas étonnant alors de voir son projet MySciencework incubé au sein de Paris Pionnières qui accompagne spécifiquement les femmes dans la création d’entreprises de services innovants. L’occasion avant tout pour la jeune entrepreneuse de développer un nouveau réseau, forcément pluridisciplinaire.
Bio express
- 1982 : nait à Chambray-lès-Tours (37)
- 2000 : obtient son bac scientifique (mention B)
- 2001–2002 : entame des études de médecine à l’université de Tours
- 2003 : décroche un DEUG en « Biotechnologies » (mention B) puis intègre l’UTC en génie biologique
- 2005 : décroche un DEUG en Philosophie (cours par correspondance)
- 2006 : est diplômée ingénieur UTC, obtient un master II en génétique à l’UPMC (mention B) et débute une thèse CIFRE en nanotechnologies contre le cancer au sein de la start-up Nanobiotix
- 2009 : obtient son titre de docteur de l’UPMC spécialité complexité du vivant
- 2010 : créé sa société MyScienceWork